C'est le nom de l'hôtel qui nous accueille au mouillage, c'est notre hôtel de luxe, un beau, un grand, un vrai. Et il ne nous en fallait pas moins, surtout à Dakar. Dakar c'est la tension, la pression, le choc, et dans le cocon douillet du Pullmann, nous récupérons tranquillement des émotions fortes que nous cause chacune de nos sorties. Même un banal allez-retour à la lavanderie située à 500 mètres plus haut dans la même rue que l'hôtel peut s'avérer être un véritable parcours du combattant duquel vous sortez pour la plupart du temps, épuisé, lessivé, vaincu. Alors le Pullmann vous ouvre ses bras, ses canapés, ses chaises longues, son air très bien conditionné, son soleil, sa mer bleue, sa profonde pisicne, son ponton où les gens du rallye circulent à la queue leu-leu toute la journée, bidons à la main, pour embarquer sur la navette qui les amène à leurs bords respectifs. Le Pullman vous offre son luxe, son calme, sa volupté, ses petites rencontres, petits moments, petites scènes de vies, le Pullmann vous offre.
Nous le savons, au premier jour où nous nous y somme hasardés, Dakar nous a été vilaine, mauvaise, dure. Au lendemain de ce jour funeste, nous élisons nos quartiers dans l'hôtel, pour moi, il n'était pas question d'en sortir jusqu'au jour suivant. je le savais, je l'avais toujours dit, l'Afrique, ça me fait peur. Quoiqu'on me dise, quoiqu'on me reproche, l'Afrique, les entrailles de l'Afrique, ça me fait flipper. Jamais je n'aurais imaginé pouvoir un envisager de m'y installer, étudier la question. POurtant ça m'est venu à l'esprit. Et l'idée a fait son chemin. Le temps de la parenthèse enchantée du Sine saloun, de la savane, de la brousse, du soleil gros comme une patate, du regard qui va tellement loin qu'il ne peut pas voir plus loin que loin, du chaud, du vent; l'Afrique c'est l'océan sur la terre. Le temps de ces deux jours passés à courir à dos de canassons dans les lacs de sable et de mer, pendant ces deux jours où j'ai circulé librement, parlé librement, échangé librement, sans subir d'angoisses, de parano, de peur mal placée de jeune fille des beaux-quartiers, pendant ces deux jours, je me suis dit que l'Afrique c'est énorme, et qu'un jour il faudra s'y arrêter, mais pas tout de suite. Objectif Brésil, avant tout.
Bref, Dakar c'est l'enfer, a fuera esta un paradiso. Et l'enfer avait son anti-chambre, le Pullmann, où on attendait gentiment de se faire cueillir, croquer, une fois le pas de la porte passé.
Les quartiers sont élus au bout du ponton, là où tout le monde embarque. C'est là que Mokou et Brahim poireautent toute la journée au cagnard en attendant que la navette arrivent, car ils sont les gros bras qui la chargent de bidons d'essence, d'eau, de caisses de bières, de batteries de bateaux, de voiture de 12 volt, d'amplis, de sacs de bouffe, de linge bref, de tout un tas de pacotilles, les petits riens qui nous servent à tout. On zone entre ici, la piscine, le bar, et le cyber de l'hôtel, dans l'hôtel, suprême luxe. Point n'est besoin d'en sortir. Au Pullmann, vous n'avez besoin de rien, ils ont tout. Le bout du ponton, c'est le coin sympa, c'est Dakar dans le Pullmann. Brahim et Mokou sont jeunes, beaux, ils ont mon âge, ils sont ouverts, sympas, et ne nous réclame pas de thunes, ils n ous taxent des clopes de temps en temps, mais ça c'est normal. un jour, c'était trop la fête ce jour là, c'était journée Pullman, et Yann, le nouveau co-ep de Pilou, a décidé d'apprendr à nager à Mokou. Ils sont partis tous les deux à l'eau, quand Mokou est revenu, il était rincé mais ravi, et pour fêter ça, ils nous a offert une clope chacun à Nyels et à moi! Ambiance au ponton, je n'était que cris de surprise, béat ravissement, première fois qu'un sénégalais me faisait un vrai cadeau! Bref, le bout du ponton c'est de là qu'on voit le mieux l'hôtel, la mer, nos bateaux au mouillage, c'est là qu'on est le plus tranquille quand personne ne prend la navette, c'est là quand on est le plus curieux quand tout le monde se presse dessus. On y est tellement bien, j'y ai installé mon petit bordel, et poussé la chansonnette, puis répété, de nuit, de jour, trop sympa mais pas longtemps, c'est pas viable comme salle de répète un ponton en plain air, en plein vent.
Au Pullmann, nous nous sommes fait des bons amis, Brahim et Mokou, Gustave et Moulou, ceux qui sont dans la navette, canal 71 pour les appeler à la VHF, Gustave pour Anne, Gustave pour Anne, oui Anne ici Gustave, ça va me manquer tout ça, le Pullmann a tout fait pour nous garder, et il l'a bien fait, j'aurais bien voulu y rester, approfondir tous ces débuts d'amitiés, prolonger les délires, les viédos, les photos, redemption song et Ismaël Lo, dama begge dakar, nio ko bouk, waow waow.