dimanche 25 avril 2010

The love boat

Aujourd’hui, c’est le D day, c’est le danois day. Objectif, trouver Andy. Nous n’avons comme seule info que ces courtes phrases : « We are in Jost Van Dyke, in a beautiful anchorage ». Facile dit Dave, il n’y a que deux mouillages à JVD, on va trouver sans problème. Nous partons donc confiants, par une brumeuse matinée, la mer est argent comme le ciel, et l’on est enveloppé dans une moiteur humide qui filtre les rayons du soleil. Maya est à la barre, Dave allongé à côté d’elle règle la course et lui apprend comment marche le GPS, pendant que je dors dans le cockpit ou sur le pont, en écoutant la douce musique du mp3. Je suis très relax sur le bateau de Dave. L’ours blanc du grand Nord est un capitaine très décontracté, et il a un défaut que j’adore , le plus beau défaut du monde à mes yeux, il est bordélique ! Et moi, le bordel, j’aime ça. Les bordéliques sont les gens les plus cool de la terre, ils ne vous demandent jamais de ranger ou de laver, c’est merveilleux, vous faites le minimum vital, la vaisselle, mettre deux ou trois choses à leur place, mais vous êtes libre de laisser traîner quelques affaires si ça vous tente, semer deux ou trois petites choses par-ci pas là, comme ça, pour le plaisir, parce que c’est cool, on a beau être sur un bateau, on est pas au taquet, et ça fait du bien ! Sur Aeolus, je fais absolument ce que je veux, je dors, je joue de la guitare, et ma manière de participer à la vie de bord, c’est en entretenant de grands débats avec mon cap’Dave et ma co-tchèque, ou en leur grattant quelques morceaux. Les manœuvres sont très pépères, on avance à train de sénateur, les voiles battent parfois dans tous les sens sans que ça n’affole personne, relax, take it easy comme dirait notre copine Mika. Ou dans un autre registre, don’t worry be happy, ou, encore plus local, every little thing’s gonna be all right…. Aeolus zigzague entre les ïles, en contournant les nombreux rochers, dans un décor de carte postale à couper le souffle. Nous arrivons très tranquillement au premier mouillage de Jos Van Dyke, White bay, une longue plage de sable blanc devant laquelle on voit à l’ancre plusieurs catamarans et Bénéteaux de location. Je suis à l’étrave, jumelles en bandoulière, je cherche Dania. Je détaille le mouillage bateau par bateau, pas de Dania à White bay. Au second mouillage, quelques miles plus loin, nous jetons les chaînes, car c’est ici, à little harbour que nous devons passer la douane. Quand on navigue dans les caraïbes, on a intérêt à avoir le passeport solide, car entre toutes les ïles vierges américaines, les britanniques, et les autres, st Maarten Franco-hollandaise, Trinidad, Domenica, etc…on passe son temps à se faire tamponner à l’immigration quand on passe d’une iles à l’autre. Ce qui personnellement nous réjouit avec Maya, on demande des tampons bien propres, bien jolis, bien droits, on se compare les passeports, les visas, les voyages, on a hâte de devoir en commander un nouveau ! Dans ce mouillage non plus, pas de Dania en vue. Le jour commence à baisser, on se dit qu’on ira pas plus loin. Nous continuons nos recherches dans un troisième mouillage. Pas de rouge, pas de blanc, rien, niet, nada. On nous dit qu’il y a des dizaines de mouillages sur l’île, all around ! Dave dit Anna I’m sorry, we’ll have to come back to the previous anchorage and wait untill tomorrow to find them. Maya dit, call them and ask where they are. Je dis, but it is going to kill the surprise effect ! Et au moment où je m’apprête à composer le numéro, je demande à un cata devant lequel nous passons s’il n’ont pas vu le damné bateau. Le nombreux équipage me répond :
- Is Dania the name of the boat ??
- Yeeeesss it iiiss !!!
- Yes it’s in the next anchorage, one nautical mile away more or less!
- Are there four Danish guys on it?
- Yes, four Danish boys in little bathing suits!!
- Thank you so much, one of them he’s my loveeeeerrrr!!!!
- OOOOOooooohhhhh! Good for you!!
Surréaliste… Je suis à l’étrave, je piétine d’impatience, les jumelles vissées aux yeux je guette le bateau rouge et blanc. Enfin, J’aperçois de loin la basse et longue coque profilée de Dania, la ligne rouge , et à l’avant, tendus aux hautbancs à la proue, un hamac se balance, c’est Andy qui est dedans, c’est sûr, c’est certain ! Le mouillage est splendide, sauvage, naturel, des petits îlots, des blaches blanches de sable fin, une ouverture sur les vagues qui déferlent au loin, des eaux calmes et claires, une végétation verdoyante, et le soleil qui colore ce tableau dans la douce lueur de son coucher. Nous arrivons tout près de Dania, par sa poupe. J’attrape ma guitare, je m’assieds sur le rouf, et je joue une musique qu’on aime beaucoup tous les deux, Guaranteed d’Eddie Wedder. Rasmus, son co-equipier, assis dans le cockpit, me voit en premier. Il hallucine complet, je lui fait chut de la main, il ne dit rien, et bientôt, tout doucement nous arrivons à hauteur du hamac. Finalement, Andy tourne la tête, et là, il me voit, assise jambes croisées la gratte à la main, alors qu’il m’avait laissée toute triste et désolée quatre jours auparavant, sur les quais de Philipsburg, et me pensait mourante d’amour, traînant mon chagrin sur les catways des marinas de St-Maarten. Je ne vous raconte pas l’émotion que je ressens, quand je vois son visage figé d’étonnement… Nous faisons encore un tour entier du bateau avant qu’aucun mot ne soit prononcé, je me sens toute chose et ne sait pas quoi dire, les danois sont tous estomaqués, Andy se lève mais ne dit toujours rien, on est tous statufiés pendant quelques courts instants où le temps arrête sa course, c’est complètement magique, c’est complètement fou, je n’ai jamais vécu ni fait pareille chose dans ma petite vie, je ressens un bonheur à nul autre semblable, je flotte sur un petit nuage, transportée par l’amour… Finalement Andy attrape son kayak gonflable pour venir me cueillir sur Aeolus, et m’emmener un peut plus loin, à l’écart du banc de poissons qui nous regarde béatement nous éloigner.
Pendant deux jours nous allons et venons entre nos deux voiliers, nous retrouvons à terre ou sur l’eau, nous visitons deux magnifiques mouillages, buvons des coups, nageons, batifolons librement pendant les plages de temps libre qu’Andy s’accorde, car il doit préparer Dania pour 800 miles de nav, cap à 0, au nord, sur les Bermudes.
Quand je ne suis pas avec lui, je passe mon temps avec Maya et Dave, sur Aeolus, ou sur la plage du mouillage, à discuter, à jouer de la guitare, à vivre la vie tranquillement et simplement. Je m’exclame à peu près toutes les trente secondes que je n’ai jamais vu d’endroits aussi beau, de gens aussi cool, vécu de moments aussi parfaits…Le dernier après-midi, je demande à un bar sur la plage si je peux jouer devant leur terrasse. Bobby, grand black taciturne de soixante ans, me dit let’s hear how you play, et me colle une guitare dans la main, je dois passer une audition. Je lui joue Harvest de Neil Young, le seul client du bar applaudit chaudement, Bobby dit OK, come tonight anytime you want.
Ponctuelle avec moi-même, j’arrive à vingt heures pétantes, et branche sur l’herbe à côté de la terrasse, à l’extérieur du bar pour que les passants entendent et s’arrêtent. Les équipages d’Aeolus et de Dania sont là pour faire la clappe, je suis bien entourée, l’endroit est cool et décontracté, on est entre marins, on est entre copains, c’est le bonheur. La première chanson, Liberta, est chaudement accueillie, les passants s’arrêtent, les clients applaudissent avec enthousiasme, je fais donc un show très relax, très à l’aise, je parle longuement de mon voyage, explique chaque chanson, joue deux compos, et dédicace trois morceaux aux personnes les plus importantes de ma vie, ici, maintenant, ce soir, Maya, Dave, et Andy. A la fin je compte les sousous, j’ai gagné 63 dollars, une belle perf, et un billet de vingt que me met dans une joie peu commune, cupidité quand tu me tiens !!!
Le lendemain Dania doit prendre la mer pour les Bermudes. Dave lève l’ancre à 7h du mat’, il a la délicate attention de ne pas me laisser regarder partir Dania, il est toujours plus facile d’être celui qui s’en va que d’être celui qui reste…Bye Andy, and again, see you someday, somewhere, somehow ! Mange Tak min ven, vi er heldige mennesker, jeg vil altid huske disse pragdtfulde dage !

mercredi 21 avril 2010

L'ours blanc du grand nord

Mes enfants, il s’en est passé des choses depuis deux jours… Le lendemain de ce cette super journée, ultra lucrative somme toute, Maya me rejoint chez moi, et nous partons pour la plage de Grand-Case, mon spot préféré. Et là, je vous le donne en mille, qu’est-ce qu’il se passe ? Un type me reconnaît d’NRJ 12 ! Tout bonnement hallucinant le nombre de glandus qui regardent cette chaîne, bref. Il me dit qu’il s’installe à St Maarten, qu’est-ce que j’en pense, ai-je des conseils à prodiguer ? Je prodigue, il frétille de contentement dans son long short fuchsia, il est tout excité à l’idée de vivre une vie pépère faite de plage, pourboires et rhum coco. Maya m’apprend ensuite qu’elle a décidé d’embarquer avec Dave d’Alaska, sur son bateau de treize mètres, Aeolus, pour aller dans les US Virgin Island. Et là, je m’entends lui dire, j’irais bien avec vous. Maya saute de joie, I am so happy, I so wanted you to come ! Alors, voir ma petite Maya, qui est inconsolable parce qu’elle ne trouve pas de job et qu’elle n’ a plus un rond, tressaillir de joie à cette déclaration, ça me transporte, tout simplement, et je dis, ok Maya, Let’s go together, You’ll find good job, and I’ll just sing in the street !
Nous revenons de la plage à 17H, Maya va sur le boat de Dave, qui paraît-il, est absolument ravi à l’idée que je les accompagne. Rendez-vous est donné le lendemain, embarquement à 17h, direction St-Thomas, dans les îles vierges américaines. Je suis on ne peut plus heureuse à l’idée de reprendre la mer et de retrouver le large. Comme nous ne connaissons Dave que depuis deux jours, nous prenons soin de copier les coordonnées de son passeport, que nous transmettons à Martin, chargé de donner l’alerte si dans trois jours, il n’ a pas de nos nouvelles. De mon côté je préviens juste Sophie que j’embarque avec un parfait étranger et que si dans trois jours je n’ai pas donné de news, elle doit sonner l’alarme. Ce jour là je ne chante pas car ma voix est crevée par la nuit que j’ai passée à bouser sur ma gratte.
Le lendemain, c’est le jour du départ. Nous nous retrouvons chez moi avec Maya, on internette, on café-cloppe, on est dans l’excitation des grands départs, je fais une valise toute légère, mais quand même, je me retrouve avec un chargement sur le dos, sur le ventre, un charriot dans une main, une valisette à roues dans l’autre. Nous débarquons sur le pontons tels deux mulets qui s’apprêtent à naviguer avec l’ours blanc du grand nord. Mais, nous n’avons pas pensé à l’immigration, donc le départ est remis au lendemain. Qu’à cela ne tienne, nous dormirons quand même sur Aeolus ce soir. Nous avons de grandes discussions qui tournent autour des rôles de nos différents pays dans la seconde guerre mondiale, et je dois dire que ce soir là, et le matin qui suivent, la France s’en prend plein la gueule par la République Tchèque et les Etats-Unis. Mes chers compatriotes, je nous ai défendu corps et âme, becs et ongles, je ne me suis jamais entendue encenser mon pays de la sorte. Ils ont été jusqu’à critiquer notre éternelle baguette, on croit rêver ! Bref, nous faisons la clearance, et nous levons l’ancre, direction plein ouest, vers le soleil couchant. Ils souffle une légère brise qui pousse Aeolus, sous grand voile et gênois, à 6-6,5 nœuds. J’apprends les différents termes d’accastillage en anglais, boom, fender, main sail, jib, etc… Notre mission est de maintenir Dave éveillé toute la nuit pour qu’il règle la course du bateau, qui a tendance à dériver régulièrement, you wanna a give it a plus two Anna, give it a minus three, ça sera comme ça pendant toute la nav. Je retrouve mes petits moments à l’étrave, et cette fois-ci, je ne pense pas à Martin, je pense à mon danois, tant et plus, je ne peux pas me le sortir de la tête. Il ya deux jours, nous étions dans son bateau. J’avais un peu bu, et avec la fatigue et la houle, j’étais bien pompette… Je suis allée m’assoupir dans la cabine. Il est venu me réveiller, et là, toute chancelante je me suis levée, et me suis jetée dans ses bras en lui disant I am falling in love with you … Il en est littéralement tombé à la renverse et nous nous sommes tous les deux rétamés sur le sol en bois de Dania, c’était d’un romantisme… absolute ! Bref, j’étrave, je pense au danois, au Danemark, à la Scandinavie en général, qu’il me tarde d’aller visiter…
Je dors beaucoup sur Aeolus, comme à mon habitude, je récupère en mer de ma folle vie à terre. A minuit Maya me réveille, je dois tenir Dave éveillé jusqu’au lever du soleil. Je lui fais donc tout simplement raconter sa vie. J’y consacrerai un chapitre plus tard, elle est assez passionnante. Dave est un prêtre mormon défroqué, qui a vécu sa jeunesse en hippie, bourlinguant à travers l’Afrique, l’Europe et l’Amérique. Il a été gigolo, charpentier, ingénieur, etc… Vers quatre heures du mat’, c’est à mon tour de lui raconter ma vie, mais il s’assoupit régulièrement, alors pour savoir exactement quand il est en train de dormir, je dis régulièrement « et c’est à ce moment là que j’ai décidé de me couper les jambes et de manger mes pieds ! » Deux ou trois fois, il ne réagit pas, le pauvre Dave tombe de sommeil… Régulièrement je lui dis, mais dors, je vais la régler moi ta course, mais il s’acharne et tente tant bien que mal de rester éveillé. J’en viens à lui parler du danois, et là, Dave se dresse d’un bond quand je lui dis qu’il est à Tortola, l’île que l’on aperçoit à 30 miles à peu près. Mais on y va tout de suite !!! Je change la course, on y est dans 4 heures !! Non Dave, il ne faut pas, j’ai été trop triste, je ne veux pas redire au revoir, c’est trop dur, c’est affreux ! Mais Anne, tu ne vas peut-être jamais le revoir, il faut en profiter tant qu’il est tout près ! Il bataille, je résiste. Mais Dave, le voyageur au grand cœur, a les mots qu’il faut pour convaincre, et bientôt, je ne rêve que d’une chose, retrouver mon danois sur les îles vierges britanniques, voisines des îles vierges américaines. Mais nous devons d’abord nous rendre à St-Thomas, dans les îles vierges américaines, car Maya veut absolument trouver un job là-bas.



Après une nav idéale de vingt-quatre heures, pleine de rires, d’histoires insolites, de soleil levant et couchant d’un absolu merveilleux, nous jetons l’ancre devant St-John, l’île où se trouve l’immigration. C’est tout petit, tout sauvage, il fait beau, la mer est turquoise, pas un français à des miles à la ronde, le bonheur, l’extase. A la douane, on nous fait des misères, Maya qui est passée par les Etats-Unis pour se rendre à la Barbade, se voit annoncer que son visa expire dans trois semaines, et qu’il faut qu’elle retourne en Tchéquie pour le faire renouveler, ce qui nous paraît totalement saugrenu. Mais devant le sérieux très administratif de nos douaniers, nous n’osons piper mot. Pas de job pour Maya aux US, il faudra trouver une autre solution. Nous levons l’ancre à nouveau, direction st-Thomas, à vingt minutes de nav, le QG de Dave, il y a tous ses potes, et toutes ses habitudes. St-Thomas est aussi charmante que St-John, et au bonheur, Aeolus a sa place réservée sur un ponton, qui dit ponton dit voisins, et qui dit voisins dit copains !!! Aussitôt arrivés, nous partons en annexe nous baigner sur Happy Island. Avec Maya on a une stratégie, on se fait un max de potes parmi les locaux pour pouvoir lui trouver un job au black, et me dégoter un voilier qui retourne à St-Maarten.

Nous nous baignons, à côté de nous, deux hommes jouent avec un chien dans l’eau, et tout simplement je nage vers eux et engage la conversation. L’un est allemand, l’autre texan, ils vivent sur des bateaux, le texan est gardien d’une île, et l’allemand a fait rentrer suffisamment d’argent dans ses caisses en restaurant de vieilles baraques en France, pour vivre pépère sans bosser jusqu’à la fin de ses jours… Le chien s’appelle Maya comme Maya, ce qui nous fait tous bien rigoler pendant un bon quart d’heures. Personne ne fait route pour vers St-Maarten à leur connaissance, et pour le job, ils passeront nous voir ce soir. Nous rentrons sur Aeolus, et mettons au point la stratégie big surprise for danish lover. J’envoie un texto que Dave veut me dicter : « Andy, tu es l’homme de mes rêves, j’ai désespérément besoin de te voir, j’ai besoin de toi, mon être tout entier a besoin de toi, mon corps tremble d’amour pour toi !!» Pas question Dave ! Nen mais tu t’es cru dans les feux de l’amour ???!!!! Très sobrement, je lui demande jusqu’à quand il reste dans les îles vierges. Je comprends d’abord qu’il n’y reste plus qu’une journée. Survolté, Dave est déjà sur le point de larguer les amarres, il hurle à tous les vents, we must go RIGHT NOW ! Mais en fait Dania reste jusqu’à Samedi, Dave se calme, reprend ses esprits, nous irons demain Anne, je vais radicalement changer vos vies, Maya va trouver un job, et toi, tu vas te marier et avoir plein d’enfants, plus tard, vous me remercierez. So sweet ! Dans son élan de solidarité, notre skipper offre à Maya de lui raser les jambes, devant mes yeux écarquillés..Je n’en reviens pas ! Dave, d’Alaska, prêtre mormon défroqué, est en train de raser les jambes de Maya la tchèque, qu’il a rencontré dans un bus il y a quatre jours… Surréaliste !

Le texan arrive en annexe à hauteur de notre ponton, et nous invite à dîner d’ un barbecue sur le beau yacht de l’allemand, ce que nous acceptons avec enthousiasme. Nous nous rendons tous les trois en annexe sur Blue Sun, où nous attendent filets mignons, côtes de porc, patates aux herbes, pâtes à la bolognaise, bananes flambées et petit vin rouge. Nous passons une soirée charmante à discuter des caraïbes, des visas américains, d’Hambourg, etc… On échange, on partage, et on s’instruit, on apprend notamment avec stupéfaction, que les schtroumpfs, qu’on appelle les smurfs en anglais, sont d’origine tchèques. Et le plus bizarre, c’est que ça n’est pas Maya qui nous l’apprend, mais le texan, qui se verra répéter par notre skipper effaré, toute la soirée longue, « but how the fuck did you now the smurfs were czech ??!!! ». Nous prenons congé, remercions grandement, et repartons sur notre annexe, non sans faire un peu les fous en passant en dessous des énormes catas amarrés aux catways.

Maya et moi ne revenons toujours pas de cette folle rencontre avec l'ours du grand nord, et on se dit que c’est tout simplement génial de pouvoir créer des liens et des souvenirs aussi facilement avec des gens qui vous sont, au départ, parfaitement étrangers.

dimanche 18 avril 2010

Ups and downs

Les jours se suivent mais ne se ressemblent pas quand on chante dans la rue. Je vais de joies en déceptions, je passe de la déprime à la surexcitation, je pense que je vais faire un arrêt cardiaque à un âge précoce.
Ce matin je me réveille, comme tous les matins, jusque là, rien d’anormal, le soleil, lui aussi s’est levé, alléluia, l’ apocalypse est remise à plus tard . Omelette, internet, il est bientôt midi, l’heure d’enfiler mon habit de lumière pour aller chanter sous les cocotiers. Je me branche à 13h pétantes sur la place du front de mer, il n’y a pas autant de monde que la veille, mais beaucoup mettent de l’argent dans la boîte, il y a notamment de nombreux va et viens d’employés des magasins bordant la place, ils bossent dans des boutiques de diamants, bijoux, dans le luxe, et ils débarquent tous un par uns, des blacks massifs, moulés dans leurs pantalons de costume, et à grands pas décidés, ils me foncent droit dessus, puis glissent lestement leurs dols dans la boîte pour s’en retourner aussitôt sous les spotlights de leurs vitrines, derrières lesquels ils m’observent, ou m’enregistrent sur leurs iphoneblackberry. Je chante le même temps que la veille. Maya est là, qui enregistre tout, flanquée d’un marin qu’on a rencontré dans le minibus, la jeune cinquantaine, Dave, qui nous vient tout droit d’Alaska, tout bonnement hallucinant, première fois que je rencontre quelqu’un de cette région ! Il nous a demandé avec Maya si on était musiciennes, en nous voyant charger le bus de tous mon petit monde, on a expliqué ce que je faisait, on lui dit que s’il voulait savoir ce que c’ était comme musique exactement, il n’avait qu’à nous suivre, ce qu’il a fait par la suite. Il a demandé au chauffeur où il pouvait acheter du fuel pas cher, et là, Maya s’est occupée de lui, lui a tout montré sur un carte, par où passer, sous quels ponts, quelle hauteur, c’est quoi ton bateau, mais tu viens d’où, mais tu vas où, et c’est quoi la longueur de ton boat, moi c’est 7.7, c’est petit t’as vu, on est à deux dedans, je vais me tirer une balle, je pète un câble !!!! On arrive à la place du front de mer, Dave descend avec nous, et nous dit qu’il nous retrouve plus tard, il va chercher des trucs pour son bateau. OK. T’as le double de notre âge, tu t’appelles Dave, tu viens d’Alaska, on te connaît depuis vingt minutes, et on se retrouve plus tard, tout va bien, c’est normal. Avec Maya, on commente : « Trop sympa ce type, il vient s’Alaska en plus, c’est complètement dingue. .. ! ». Donc Dave part faire ses petites affaires, nous faisons notre petit business sur la place avec Maya, on ramasse des sous, et malgré le peu d’affluence, j’ai envie de dire que le lien s’est crée, que la mayo a pris, et je compte plus de dols que la veille, ce qui me met dans une humeur très sautillante. Dave arrive juste à la fin du show, quand je débranche. Ah bah mince alors, bon bah t’as qu’à venir au prochain, on y va maintenant là tout de suite. Nous allons donc tous trois chez Delphine. Mais là, Delphine elle me dit que la veille, sa serveuse n’ a ramassé aucun pourboire parce que les clients m’ont tout donné, donc si je veux chanter, faudra que j’attende la fin du service. Qu’ à cela ne tienne, je pars à la recherche d’une autre terrasse, je la trouve, et nous voilà rebroussant chemin tous les trois clopin-clopant… Dave dit « We are following you like puppies », j’explose de rire, you speak your mind, it’s nice ! Il y va pas par quatre chemins Dave, il est assez surprenant ce type. Je m’installe devant une grande terrasse en bord de mer, Dave et Maya prennent place sur un banc derrière moi. Je me branche, et on va dire, heureusement qu’ils applaudissent à tout rompre, parce que c'est-à-dire que sinon, je serais au bord de la crise de nerf. Les gens sont d’une mollesse, c’est pas croyable, rien à voir avec la place du front de mer. Mais les mamas blacks vendeuses de pacotilles sont là pour me remonter le moral, et la mine réjouie de Dave est très réconfortante ! Dave, on va vous le décrire: son vrai nom c’est David, et il dit qu’en Amérique du sud, quand il disait aux gens qu’ils s’appelait David, ils levaient la tête vers lui et disaient, non, pas David, Goliath ! C’est une grosse baraque imposante, il doit faire un bon mètre quatre-vingt dix. Il a le cheveux bouclé, gris et foisonnant, une grosse goofa mal débroussaillée, une barbe de trois-quatre jours, les yeux bleus, le nez droit et fin, et un large sourire sympathique. Il a une bonne tête quoi, c’est un gros nounours. Je termine le tour, fais un tour des tables, et ne ramasse que vingt dollars. Je suis tout simplement outrée. Vingt dollars, mais où sommes-nous ? Je digère très mal, ça ne passe pas du tout. Dave prend congé, il reviendra ce soir à la marina Royale. Nous allons boire un café avec Maya, au Greenhouse, le café de bobby’s marina, le qg des danois. Là c’est plus que je ne peux supporter, et je quitte la table pour aller pleurer de rage et de tristesse dans un coin, tout d’un coup, je me retrouve au 36 dessous, comme ça, en moins d’une heure, je passe de la joie du super tour de la place, à une déprime incommensurable…aaaahhh ! C’t’agaçant !
Finalement nous rentrons à Marigot. On se douche, on se repose, et on part avec tout le petit chargement à la marina. Et là, je me souviens des réflexions des serveurs du resto de gauche, la veille. Ils m’ont posé des questions sur garçon de café, comme quoi c’était pas vraiment sympa pour les serveurs, alors que je précise à chaque fois que ça parle du seizième et pas du reste... Et ils ont ajouté que je chantais des chansons trop tristes et qu’ils allaient se tirer une balle. Very nice… En même temps, c’est vrai que j’envoie pas du désanchantée à toutes batteries, donc je me dis, au lieu de changer de répertoire, je vais tout simplement changer de spot. Je me mets donc dans un coin, où il y a des marches, je suis surélevée, et comme je suis à l’angle d’un angle droit, au lieu de viser deux terrasses, j’en vise quatre, soit le double… et cinq même, car dans le coin, il y a un tout petit cyber-bar, qui est resté ouvert, et ce cyber bar aura son importance dans le déroulement de la soirée. Je me branche donc, je me présente aux quatre terrasses, je joue, ça applaudit, les serveurs sont ultra contents, ultra solidaires, mettent tous des sous dans ma boîte, un couple de clients en met deux fois, ça sourit dans tous les sens, il n’y a que des bonnes ondes ! En fait avant j’ai fait l’erreur de jouer devant les deux restos qui faisaient le plus de couvert, le Village, et le resto des méchants serveurs. Par conséquent, l’accueil était aussi arrogant que le chiffre d’affaire. Dans ce coin de la marina, on fait un peu moins de couvert, du coup, on crache pas sur tout ce qui peut concurrencer les deux malabars du bout du ponton.
Je fais mes acrobaties, je ramasse plein de sousous, quasiment le double des fois précédentes, je suis aux anges, je rencontre des canadiens, je leurs demande si je peux me tirer une bûche (puis-je m’asseoir), je virevolte de bonheur et de langues vivantes entre les tables, les gens sont de partout, Québec, New-Jersey, Paris seizième, Puerto Rico, et ils sont trop sympas, quelle ambiance, non mais quelle ambiance !Tous les restos acceptent que je passe aux tables des terrasses, les serveurs disent que c’est bien, c’est chouette, c’est sympa, ça change, ça fait de l’animation, tout ça tout ça, oh mes alleux !!
Je rejoins Dave et les tchèques au cyber-bar, la patronne me reconnaît d’NRJ 12, elle est trop contente, elle a appelé son mari et ses fils pour qu’ils viennent écouter, quand ils arrivent je rejoue, des compos, des nouvelles reprises, je parle, je plaisante, tout ça en français, c’est tout à fait inhabituel. Toute la petite famille du cyber-bar est là, qui applaudissent et encouragent. Ils me donnent 30 dols à la fin, et nous offrent toutes nos consos ! Trop symmmpa !
Ensuite le gérant d’un des restos vient me voir et me demande si je peux chanter le lendemain en exclu devant leur terrasse à eux, en échange de quoi ils m’offrent le repas et mes consos, j’accepte tout de suite. Et, cerise sur le gâteau, un autre gérant d’un des deux malabars, jaloux du succès de notre angle, me demande de revenir devant sa terrasse, et me dit qu’il faut pas que je me formalise pour les méchants serveurs, dans ce resto c’est tous des saligauds. La patronne du cyber-bar tient un autre bar, la flibuste, où elle organise des soirées de temps en temps, est-ce que je peux participêr ? Mais oui bien sûr, c’est la fête, je vais chanter partout, on va tous se faire des couilles en or !!!
Après le tour, nous restons là, à discuter, les tchèques, Dave, les gens du cyber-bar, ambiance conviviale, c’est fraternel, c’est bon enfant, c’est trop sympa !
Je rentre à la maison toute contente finalement, je compte et recompte les billets que j’irai soigneusement déposer à la banque lundi matin, j’en ai plein, j’en ai trop !!! Je suis surexcitée à la vue de tout cet argent que j’ai gagné, je trouve cela irréel, trop facile, trop agréable, et comme je suis occupée à chanter et à me déplacer toute la journée, je n’en dépense quasiment pas, la vie fait bien les choses !

Et toute la joie de cette journée pleine de rencontres et d'émotions fortes me tient réveillée toute la nuit, que je passe à bouser tant et plus sur ma guitare, toute inspirée que je suis par les surprises de ce voyage, et le remue-ménage permanent que je vis depuis que je suis partie...!

samedi 17 avril 2010

The very lucky one

Bon, mes enfants, j'en suis à présent persuadée, il y a une bonne étoîle au dessus de ma tête, un ange gardien derrière mon épaule, un tapis volant sous la semelle de mes tongs. Hier soir, j'ai fait une rencontre, qui j'en suis sûre, va changer le cours de mon destin, si je sais la mettre à profit.

Nous sommes à la Marina Royale de Marigot. Toute ragaillardie par mes deux tours du côté hollandais, je branche mon équipement avec soin, en confiance, ce soir je vais chanter, et raconter un peu ma vie, cet après-midi, ça a bien marché, on va voir ce que ça donne maintenant. Pour changer, apràs avoir chanter Liberta, je me présente, mais en français cette fois-ci, Anne, bateau-stoppeuse, chanteuse des rues, voyageuse, etc... Mais les gens sont toujours aussi mous. A part cette blonde assise là-bas, qui prend soin d'applaudir à chaque fois, je l'ai dans mon champs de vision, et ma foi, elle à l'air tellement sympatique à applaudir malgré la mollesse ambiante, que je la prends pour une américaine, elle ne peut pas être française, ça n'est pas possible. Quand je passe à la table où elle est assise avec son mari, pour remplir ma boîte, ils me proposent de revenir boire un verre avec eux après mon tour, ce que j'accepte avec plaisir. Je re-chante, je ramasse des euros et des dollars, et je vais siroter une menthe à l'eau avec ce gentil couple. Ils sont français (mais que je suis mauvaise langue, pardon la France!)et ils ont une vie tout à fait passionnante, et je me sens tout de suite assez proche d'eux, car ils ont un parcours qui me fait rêver. Une vingtaine pleine de folies, de voyages et d'aventures, une trentaine calme et posée en pleine nature, à Annecy, une ville que j'adore, et où je rêve de m'installer une fois que je serai fatiguée de la bourlingue, et que je me mettrai en tête de pondre une jolie portée de petits moutards. Lac, montagne, fromages et vin blanc, pour moi, Annecy, c'est the place to be, to be happy. Cécile et Dimitri ont tellement de choses à raconter, de conseils avisés à donner, je suis toute oreille, je bois leurs paroles, je me délecte de leurs récits et de leurs expériences, qu'ils ont la gentillesse de partager avec moi. En anglais, on dirait qu'ls sont des "giver", des donneurs, ils sont généreux, Cécile et Dimitri. Ils me notent tout un tas de contacts qui me serviront pour travailler à Paris en tant que chanteuse, car Cécile était dans l'évènementiel d'entreprise. Dimitri qui lui, est bien implanté dans le milieu du voyage et de l'aventure, me donne des contacts pour que je puisse mettre à profit ma bourlingue, et monter mon projet de docu voyage musique. Ils m'encouragent beaucoup, me disent de ne pas avoir peur, de me montrer courageuse et culottée, et cerise sur la gâteau, ils me félicitent pour mon show, qu'ils trouvent très "pro"! Je suis pro! Le bonheur! Je pense que Cécile et Dimitri, à qui j'ai donné tous mes liens internet, sont peut-être en train de lire ce post, et encore une fois, je les remercie de l'attention dont ils ont fait preuve à mon égard, et de ce joli moment qu'ils m'ont offert. Je les remercie de m'avoir fait partager leur histoire, leurs expériences, leurs récits m'ont donné de la force et de la confiance pour la suite. Je pense que la meilleure façon de les remercier, serait de faire bon usage de tous ces petits coups de pouces qu'ils m'ont donné, et de réussir à monter mon docu. Une fois de retour à Paris, je mettrai toute mon ardeur et mon envie dans ce projet, qui, grâce à eux, pourra peut-être voir le jour, si je m'y prends intelligemment.

Merci Cécile et Dimitri, merci pour toutes ces bonnes paroles, merci pour tous ces récits, merci pour tous ces coups de pouces, et merci aussi au Grand Ordinateur, qui vous a mis sur ma route, et moi sur la vôtre!

Et les enfants, si vous voulez une idée de sortie sympa sur Paris, allez tous les premiers mardis du mois au café Zango près des halles. Là, des voyageurs au long cours se rassemblent, et partagent leurs récits d'aventures. Ca s'appelle "Les cafés de l'aventure".

Voilà, maintenant, y a plus qu'à...

vendredi 16 avril 2010

The lucky one










Je me suis réveillée ce matin, en bien meilleure forme que la veille, le cœur un peu moins gros, un peu moins lourd. Aujourd’hui, le programme est simple : attaquer le côté hollandais ! ça fait très longtemps que je veux chanter là bas, mais mon chargement de mulet m’en empêchait. Ce matin, j’ai le courage pour me déplacer jusqu’à Philipsburg. J’ai donc chargé le minibus public de tous mes instruments, payé pour deux passagers au lieu d’un, et je suis arrivée sur la place centrale du front de mer de Philipsburg, bordée de petits bancs que surplombent de hauts palmiers. Les gens passent, leurs emplettes à la mains, et ils se reposent au frais. Pour une fois, pas de terrasse, pas de café, c’est eux et moi, ceux qui écoutent sont là pour écouter, et moi je suis là pour chanter, et gagner des sous. On est du côté hollandais, presque pas de français, mais quand même un couple qui me reconnaît de la télévision, (décidemment), je suis donc complètement à mon aise. Je parle, je raconte ma vie, mon œuvre, ma tragédie grecque de la veille, je la joue sincère, thérapie de groupe, we are all here together today to heal my broken heart, applause !!! Les gens aiment, on se rue sur ma boîte, on m’encourage, on me félicite, on me soigne, et je guéris ! Je joue une petite demie-heure, fais mes acrobaties, peinarde au soleil, sur le grand espace que m’offre cette place. Je ramasse 40$, que je compte un peu plus loind dans un petit café français qui longe le bord de mer. Les deux patronnes, Delphine et Brigitte, sont fans de Dalida et des chants du chœur de l’armée rouge. Je me sens tellement bien ici , que je demande si je peux chanter pour leurs clients. Elles acceptent, je branche, et là, miracle, tout le monde écoute, regarde, applaudit, je suis aux anges. Je la joue aussi à l’aise que la fois précédente, si ce n’est plus. Une petite demie-heure de chansons, tout le monde passe par ma boîte avant d’aller payer, les patronnes sont ravies, mon jus pressé est offert, je peux revenir quand je veux, et 45$ dans ma boîte, le bonheur ! Je rentre bien vite à Marigot, me remettre de toutes mes émotions. Sur le chemin du retour, je compare mon humeur à celle de l’aller, et je me dis, I am the lucky one. Il me suffit d’aller pousser la chansonnette dans la rue pour que je sois remise de mes peines, et même si encore, le cœur me serre, je retrouve avec ma guitare et mes passants, toute ma joie de vivre et mon bonheur d’aller.




(soupir) Que c’est bon la vie !

jeudi 15 avril 2010

(soupir)

Ces derniers jours furent un vrai délice. Je les ai passé à profiter des petits bonheurs dont la vie vous fait parfois cadeau. Parfois, elle met sur votre route des personnages qui se promènent avec vous quelques jours seulement , et partagent vos joies. Le moment est éphémère, mais le temps coule tout doucement et vous fait vivre chaque instant intensément. Sans jamais vous ennuyer, vous vous habituez à n’être plus seul, et tout d’un coup, seul, vous ne voulez plus l’être. A deux, on est bien. On est bien à deux, quand on n’est qu’un. Mais, comme dirait notre copine, il faut un temps pour tout. Alors, tout feu tout flamme, soudain on s’assagit, et on se dit, jolie parenthèse, enchantée, charmée même, soyez heureux, portez-vous bien, et que Dieu vous ait en sa sainte et digne garde. Le plaisir est partagé. Après s’être croisées, vos routes se séparent, et vous laissent dans la douce mélancolie de merveilleux souvenirs. Un pied devant l’autre, seul à nouveau, vous avancez bien, mieux qu’avant même, mais avec ce poids sur la poitrine, comme quelqu’un qui tiendrait dans sa main votre cœur, et le presserait pour en faire sortir les larmes que vous vous refusez à laisser rouler de vos yeux.

(soupir) Que c’est dur la vie !

Une véritable tragédie grecque s’est jouée cet après-midi sur les pontons de Bobby’s Marina. Le gentil danois a mis les voiles, cap sur les îles vierges. La petite française a voulu se noyer de chagrin dans l’eau croupie du port. La courageuse tchèque l’a rattrapé au vol, et ligoté au taquet d’amarrage. L’œil rougi, la joie en berne, la petite française a regardé disparaître dans la ligne d’horizon l’esquif danois. Plus tard, elle est allée chanter son chagrin sur d’autres catways , pour d’autres marins, et des touristes ventripotents passablement déprimants. La française savait que le danois partait, mais elle ne pensait pas que ça serait aussi terrible de le regarder partir…

Mais ! La musique adoucit les françaises enragées, et pour une fois, sans trainer la patte, j’ai mis tout mon petit cœur brisé à l’ouvrage, j’ai parlé haut et clair, j’ai chanté bien et juste, et j’ai gagné en dollars et en euros, ce que j’avais perdu en frissons de bonheur… C’est donc reparti pour un tour, c’est reparti pour vingt jours, et, soleil ou pas, je chanterai désormais midi et soir, en Hollande et en France, je me viderai la tête et remplirai mes poches, et pis c’est tout ! Au revoir le gentil danois, adiou adiou !

lundi 12 avril 2010

De surprises en surprises

Aujourd’hui, c’était encore une journée parfaite qui m’attendait. Je me lève, et il pleut. A priori, ça commence mal… Qu’ à cela ne tienne, heureusement, il y a facebook, et quand il est 9h du mat’ chez moi, il est 15h chez vous, et vous êtes plus d’une vingtaine à être connectés, bande de glandus ! En ce moment j’ai un petit plaisir, reprendre contact avec mes anciennes copines. Aujourd’hui, je retrouve Delphine, que j’ai connu à 11 ans, et avec qui chatte longuement, pour mon plus grand bonheur. A 11h je me décide à décoller, le soleil brille enfin, et il est grand temps que je me remette à bronzer, car je suis toute blanche, c’est pas très glamour. Je pars en minibus pour Grand-Case, mon spot préféré. C’est une baie toute calme, et la plage est bordée de petites maisons toutes mignonnes, et de cafés trop sympas, dont le calmos, qui vous met les transats jusque dans l’eau toute tranquille et turquoise… le rêve. Quand j’arrive, deux mamans me reconnaissent : « ah mais c’est la petite jeune fille de l’émission ! On a regardé parce qu’on venait passer nos vacances ici ! ». Elles prennent de mes nouvelles, et des nouvelles de mes « pauvres parents »…C’est surréaliste comme conversation, je ne les connais ni d’Eve ni d’Adam, mais elles savent déjà que j’ai traversé l’Atlantique, que je suis passée par le Sénégal…. Bref, je prends congé, et vais jouer de la guitare sur mon transat, café-clopper, bronzer-nager. Deux ou trois heures plus tard, un groupe de vacanciers à la retraite s’installe derrière moi. Un monsieur avec un gros cigare et un énorme ventre me demande si je joue dans les bars, je lui explique que je joue dans la rue, il me dit « c’est bien ». J’ai sa bénédiction, Dieu soit loué ! Finalement nous engageons plus franchement la conversation, et j’en viens à raconter toute mon histoire, depuis Saint-Martin l’année dernière, jusqu’à St-Martin cette année. Ils sont très intéressés, posent beaucoup de question, poussent parfois des hurlements de terreur en invoquant le nom du Seigneur, et toujours, on se met à la place de mes « pauvres parents », et on les plaint… !! A la fin, au moment de se dire au revoir, en douce, deux femmes du groupe se lèvent et glissent quelque chose dans mon étui. Je me doute bien que c’est de l’argent, et bien qu’un peu gênée et surprise, j’accepte quand même, et remercie grandement, parce que ça me fait plaisir, et ça leur fait sûrement plaisir à elles aussi. Une fois que tout ce petit monde est parti, je me jette sur ma housse, je regarde dedans, elles m’ont laissé… 25 euros ! J’hallucine complètement de la gentillesse de ces dames, je suis absolument aux anges, y a qu’à moi que ça arrive des trucs pareils… !

Ensuite il se remet à pleuvoir, je me réfugie à l’intérieur, dans le coin salon-canapé dans le sable, (au calmos, il y a du sable pratiquement jusque dans la cuisine, c’est la plage dans le bar, et code wii-fi c’es « coolcool », vraiment le calmos, c’est trop cool) et là j’engage la conversation avec deux italiennes assises à côté de moi. Elles ont mon âge, l’une est brune, l’autre est blonde, et elles se lisent leurs horoscopes dans Elle, vautrées dans le sofa. Ca m’en rappelle vaguement deux autres…Elles s’appellent Alessia et Giada, elles travaillent dans le tourisme, et justement, elles sont en stage à l’hôtel du Marquis, là où je suis allée me faire épiler la semaine dernière, mais que le monde est petit ! Je leurs dis que je traîne avec 4 danois tous plus beaux gosses les uns que les autres, et leur propose qu’on se rejoigne le lendemain pour faire la fête à Grand-case. Elles acceptent avec plaisir, et comme j’ai mon notebook, je les friendrequest instantanément sur facebook. J’ai très officiellement deux nouvelles copines à Saint-Martin, et potentiellement, deux professeurs d’italien, idiome que j’affectionne particulièrement et que je désire ardemment savoir parler.

Ce soir c’est lundi soir, et avec les mardis, c’est le jour où il y a le moins de monde dans les restaurants, j’ai donc décidé, après m’être longuement concertée avec moi –même, que je m’octroierait ces deux jours comme congé. Je suis à présent assise à la table d’un café, où j’attends Andy, et quand il sera arrivé, je vais commander des moules marinières, financées par mes gentilles dames de la plage…Et encore une fois, la vie est belle !!!

dimanche 11 avril 2010

Such a perfect day

Hier, j’ai officiellement passé la meilleure journée de mon séjour à Saint-Martin. Elle fut pleine de surprises, de rencontres et de découvertes insolites. Je me lève bien tard. Au programme de la journée, surf, en compagnie des danois qui, eux, font du kyte surf. J’arrive à la plage du Gallion, pas de danois en vue. Je me renseigne sur les vagues, qui déroulent au large, et auxquelles on accède grâce à la navette flottante du water sport. Pour les débutants, c’est trop gros aujourd’hui, il ne vaut mieux pas que je m’aventure. Je suis très déçue, car je sature un peu de rester allongée sur ma serviette, avant j’adorais ça, maintenant ça m’ennuie terriblement. Je pars donc faire une petite promenade sur la plage. En chemin je rencontre, la rirette la rirette, un jeune black de 28 ans qui est penché sur un cerf volant. Je trouve ce tableau assez inattendu, je vais donc le voir pour satisfaire ma curiosité. Il s’appelle Stéphane, son papa est pasteur, et il vient de passer quatre mois en prison car il a abîmé un type, qui lui avait volé son scooter, avec une machette. Passionnée je lui pose un milliard de questions sur la vie en taule, auxquelles il répond avec bonne grâce. Il était en cellule avec deux chinois tarés, et un vieillard dominicain, ils faisait ses besoins à dans un trou à même le sol de leur cellule, et ils avaient du pain, du peanut butter et de la confiture comme seuls repas… Après cette conversation fort instructive, nous partons essayer de faire voler les différents cerfs-volants qu’il a fabriqué de ses mains. Après plusieurs essais et petits réglages, le premier s’envole enfin, nous le déroulons jusqu’au bout de la corde, et il batifole haut dans le ciel, bien stabilisé par un vent qui aujourd’hui, souffle très fort. Dès qu’il fait mine de piquer du nez, c’est la panique totale, je pousse des hurlements d’affolement, mais Stéphane à chaque fois, rattrape le coup avec brio. Je n’avais jamais réalisé à que le cerf-volant est un hobby particulièrement excitant, on a de gros frissons de bonheur, quand enfin il décolle, et on tremble de peur, à l’idée qu’il retombe, qu’il se déchire dans les branches des arbres ( les cerfs-volants de Stéphane sont en papier), et qu’il faille galérer pour le récupérer. Parfois la corde fait des nœuds, c’est alors branle-bas de combat et gros stress pour les défaire. Au bout d’un moment, les danois arrivent, et je passe l’après midi à papillonner entre les kyte-surfeurs et mon ex-taulard. A un moment, j’entends au loin le bruit d’une batterie. Je suis le son à la trace, et je déboule dans un petit bosquet où un zicos est entrain de répéter sur son instrument. Je suis absolument étonnée, et ravie de cette découverte insolite. Il s’appelle Eric, il a un groupe sur l’ïle, et il est prof de batterie. Il vient dans ce petit bosquet trois fois par semaine pour répéter. Je lui demande la permission de lui amener mon ami danois Andy, qui fait lui aussi de la batterie et à qui cela plairait sûrement de taper la grosse caisse dans un cadre aussi curieux. Eric accepte, je lui ramène Andy qui est très étonné, et qui en effet, joue de ses baguettes avec un certain talent.

Bientôt, le soleil se couche, je quitte Stéphane, et les danois, très gentiment, me ramènent en voiture jusqu’à Marigot. Je me douche, m’habille et part chanter dans la marina. Je fais un bon show, mais suis extrêmement déçue par le manque de vivacité de mon public. Aux vues des sous que je ramasse (60 dollars et 18 euros), les gens apprécient, très rares sont les tables qui m’envoient balader quand je leur présente ma panthère, et les compliments ne manquent pas. Mais ça ne m’empêche pas de très mal supporter le fait qu’ils soient, pour la plupart, le nez dans leurs assiettes, ou en train de discuter entre eux. Je voudrais que tout le monde n’ait d’yeux que pour moi. Mégalo, quand tu me tiens ! Les tchèques et Andy sont là, qui tentent de chauffer l’ambiance en poussant des cris et en tapant des mains, mais ça ne prend pas. Je chante deux chanson, ma longue compo anglaise et le garçon de café, qui connaissent un réel succès, les gens ici, aiment bien les compos, c’est donc le moment pour moi d’en balancer pas mal, je suis très contente sur ce point. Mais par exemple, contrairement aux africains du nord et aux brésiliens, les occidentaux n’ont pas besoin que je parle entre les chansons, et moi, j’aimais bien raconter ma vie pendant le show, mais ici, ça n’intéresse personne. Je me contente juste de montrer comment marche le jamman, et les outils grâce auxquels j’ai mon électricité, et puis j’enchaîne les chansons. Heureusement que les tchèques, Andy, et les serveurs des restos se montrent très enthousiastes, cela me remonte un peu le moral. Très clairement, je n’aime pas trop chanter ici, mais avec un tour par jour, je gagne en deux jours plus de 100 euros, je ne vais pas cracher dessus.

Journée, donc, en tous points parfaite, plage, rencontres, sensations, musiques, sousous, amis, oh it’s such a perfect day !