Il y a trop d'hommes, partout. Il n'y a pas assez de femmes. On dit qu'on va être en pénuries de mâles, en ce qui me concerne, mon garde-manger est plein! Je ne rencontre que des hommes, QUE des hommes. C'est n'importe quoi. Il y a deux jours, je passe la soirée avec Mina 2, l'équipage de l'élégant 50 pied britannique, trois hommes, dont un golden boy de 27 ans avec qui on tient absolument à ce que je m'acoquine, on a organisé une soirée pirates pour cela , dans deux jours, tout le monde déguisé en pirate qui boit du whisky sur un voilier qui tangue...Hier je devais boire un coup avec 4 convoyeurs d'un voilier géant (je les ai loupé), aujourd'hui je me fais aborder en allant chanter par un trentenaire français, qui m'invite à boire un coup avec les sept autres membres de son équipage, tous des mecs évidemment, demain je vais voir sur leur bateau trois norvégiens rencontrés au Club Nautico, le bar de Mindelo, après le petit dej prévu sur le boat du trentenaire, après mon tour de chant, deux allemands et un gallois m'ont payé mon café, l'un des allemands, Andreas, a mis un billet de 20 dollars dans ma boî-boîte, danke danke, bref, rien ne va plus, mais où sont les femmes??? Pourquoi y a jamais un groupe de nanas qui me dit, allez viens, on va te payer un coup??? Alors ce soir, au club Nautico, coincée entre les trois norvégiens et les huit français, je me suis échappée bien vite, prétextant devoir rapporter mon matos en lieu sûr. Je verrai tout ce petit monde demain, en plein jour, que le soleil est haut, et le taux d'alcool dans le sang, à priori, bas. Sinon je vous connais, vous avez des manquements d'égards que vous pensez que votre état d'ivresse sur le compte duquel vous mettez tout, vous permet. Je préfère laisser cela aux péripatétitiennes locales. Moi je cueille en plein jour, en pleine possession de mes moyens, point n'est besoin (plus n'est besoin) que je me donne du coeur au ventre en me noyant le gosier dans des tord-boyeaux; j'ai des tripes, je cueille sobre. Et ne cueille pas du tout d'ailleurs, c'est pas la saison, j'ai d'autres chats à fouetter! Donc ma stratégie, c'est de voir les hommes le jour, et de dormir la nuit. La seule femme que je cottoie en ce moment c'est Amina, et elle me fait la gueule, elle veut que je me barre du bateau, Alain m'a dit ce matin, "elle m' a dit c'est moi ou Anne, c'est bête hein", bah oui c'est bête, quel est mon crime? Mystère, sois-disant que je fais du bruit la nuit... Sauf qu'elle me fait aussi la gueule le jour, elle prend ses grands airs, icompréhensible revirement de situation, je ne veux même pas essayer d'en savoir le pourquoi, j'en ai ma claque des gens qui me tirent la tronche. En tout cas François est parti en excursion pendant deux jours, Pilhouë est fermé, donc je dois rester deux jours avec Amina qui fait la gueule, heureusement qu'Alain est trop cool trop sympa, sinon la crise atteindrait des sommets.
Bref, je verrai tous ces mâles le jour, goûterai au plaisir de leur conversation, offrirai une oreille passionnée à leurs récits épopesques, et repartirai comme je serai venue, seule, digne et libre! Il n'y a qu'avec Mina 2 que je me permette de me griser un peu, car j'ai complètement confiance en eux, ils sont, comme ils le disent si élégamment eux-mêmes, decent.
L'ambarras du choix invite à la sélection. Avant je n'avais pas le choix, et je ne choississais pas vraiment, j'étais, si le coeur m'en disait, d'humeur égale et sympathique avec tous, qu'il soient beaux ou laids, les mâles je veux dire. Maintenant, je m'y suis surprise cette après-midi, je suis capable d'une raideur à toute épreuve. Je suis au bout du catway. Un jeune homme approche, pas beau, jeune mais pas frais. Il me demande où se trouve Maupiti.
- c'est sur ce catway.
- Bah oui, j'ai cherché mais je trouve pas.
- Bah faut mieux chercher, désolée.
Il aurait été beau comme les norvégiens, je me serais levée, attends je vais t'accompagner, tu viens d'ou, c'est quoi ton bateau, tu vas ou, tu t'appelles comment, tu viens me voir chanter ce soir, ouais ouais chui chanteuse ouais, t'as vu comme chui cool un peu, j'voyage sur des bateaux, guitare en bandoulière, elle fait rêver ma vie, on s'embrasse sur la bouche?
Bref, la nuit, tous les matous sont gris, il y a trop de matous, on s'en tient au plan, on communique le jour, la nuit, on repose, ou on bloggue. Parce qu'on a pas de copines. Mon amie, ma pineco, ma soeur en ce moment, c'est le blog.