A Dakar, j'ai fait une lovely lovely rencontre, celle de Mina 2, un superbe 54 pieds, un fier voilier, dont l'équipage est absolument charmant, quels que soient les marins qui le composent qui tournent souvent. Tim en est le capitaine. Beau vieux, très beau gosse, pour une fois qu'il y en a hein, des vieux, qui sont vieux ET beaux, bref, CapTim comme il aime à se faire appeler est un anglais très très sympathique, accueillant et ouvert.
Je suis montée pour la première fois à son bord lors de ma tournée à la nage des bateaux arrivés en premier à Dakar, et Mina 2 était de ceux-là. On a bu un scotch on the rocks, et depuis, dès que nous nous croisons, nous évoquons, les yeux mouillés d'émotion, le merveilleux souvenir de ce moment si gai et spontané. J'avais appris à connaître un peu Tim, Tom and Lawrence, nous avions bien rigolé, et je m'étais juré de revenir faire la bringue avec ces lurons. Un ou deux jours plus tard, un soir, tard avec Nyels, nous nous rendons à la nage à leur bord, ils nous acueillent, petit rouge, grand Whisky, serviette propres, le grand luxe, l'hospitalité même. Nous passons un long moment à deviser tous ensemble, en anglais, en français, sur le moment je rélise complètement où je suis, avec qui, ce que je fais, et j'implose de bonheur...
Avant notre départ définitif de Dakar, avec l'avant dernière navette de 23h, je suis allée encore sur Mina 2, munie de mon Yukulélé. Tim m'a accueuillie, large sourire, les bras ouverts, le bon whisky trônant déjà sur la table, avec lui un nouvel équipier, Collin, autre digne représentant du Royaume Uni, qui connaît les accords et paroles de 900 chansons. Je décide alors de prendre la dernière navette pour faire un aller-retour sur Naomie, prendre ma gratte, et des gâteaux au chocolat de chez un patissier dakarois bon comme un Lenôtre. je reviens chargée, la soirée commence sur les chapeaux de roues, du bon whisky, de la bonne bouffe, un yukulélé, une guitare, et surtout, surtout, above all, de l'excellente compagnie. Nous buvons, régalons, chantons, discutons, c'est gentil, bon enfant, c'est charmant, lovely lovely.
Les anglais ont une délicieuse retenue, un air de vous écouter comme si vous leurs appreniez l'origine du monde, ils sont extrêmement courtois, ils ont un sens de l'humour décapant, toujours le bon mot, souvent celui pour rire, c'est un véritable plaisir de passer du temps avec eux. Il y a une fraternité implicite entre nos deux pays qui nous rapproche et nous rend complices, amis.
Tim et ses équipiers ne sont pas des skippeurs libidineux, avec eux je me sens bien, à l'aise et libre de pouvoir être qui je suis sans que cela ne me vaille des remarques déplacés, des gestes mal placés, des attitudes contrariantes pour une jeune fille qui ne goûte pas les flans flétris. Je leur dis d'ailleurs et me confie à eux quand à toute la théorie que j'ai élaboré sur les skippeurs, et ma difficile relation avec eux.