mardi 3 novembre 2009

A la dérive

A Dakhla nous sommes au mouillage devant l'hôtel Bab El Bahar. Lorsque l'on est au mouillage, cela veut dire que l'on mouille l'ancre sur un plan d'eau généralement abrité du vent où le bateau peut être protégé du roulis des vagues, en sécurité, bien fixé au sable par l'ancrage. Donc pour aller à terre, ici à Dakhla, nous avions deux solutions. L'annexe à moteur, petit pneumatique de quatre places accroché à l'arrière du bateau, ou la navette flottante. Sauf que la navette s'arrête tous les jours à 23h. Et nous à 23h, on a pas envie de se coucher. Alors le premier soir on a carrément dormi sur les transats de l'hôtel, mais le lendemain, pas fous, ils avaient enlevé les matelas. Avec Nyels, nous nous étions séparés au cyber à 23h. Je voulais rentrer en vitesse pour chopper la dernière navette, et j'ai dit à Nyels que je prendrai l'annexe de pilhou et reviendrai le chercher avec. Je ne m'étais même pas posé cette simple question, suis-je en mesure de pouvoir me servir d'une annexe? On a donc convenu de suivre ce plan. A l'hotel, la navette revient de son dernier passage et ne repart plus, a priori. Amid et ses potes sont à table en train de baffrer, bien contents d'avoir terminé leur journée. Je les supplie, je suis un chien battu, s'il te plaît, ramène moi, regarde le vent, je ne peux pas dormir dehors ce soir, et je ne peux pas rentrer non plus, s'il te plaît, s'il te plaît! Amid accepte, avec ses potes, ils m'amènent à mon bateau. Je leur donne 500 dirhams, le double du prix habituel, choucrane jouia! J'arrive sur le bateau. Première embrouille, l'annexe est chaînée. Je cherche la clef, et la trouve. Je libère l'annexe. Auparavant j'avais demandé à N comment on l'allume, il m'avait juste dit, t'appuies sur on, tu tires la manette et tu mets un peu de gaz pour que ça démarre. Sommaire. L'annexe encore attachée au bateau par un bout, je la démarre et réussis du premier coup. Munie d'une lampe de poche, je libère l'amarre et m'en vais. Je fais pas deux mètres que déjà, n'ayant pas repoussé le starter, le moteur se noie. Je tente vainement de le redémarrer. Mais évidemment sans succès, et n'ayant aucune notion techniques pour ce genre de choses, j'étais loin de me douter de l'origine du problème. J'essaie toutes les possibilités, touche à tout, rien n'y fait, et je n'ai plus de forces dans le bras. Soudain, je lève la tête du moteur, les bateaux sont loin de vant moi, avec le courant et le vent de 25 noeud, j'étais complètement partie à la dérive. Evidemment je ne me doutais pas non plus que l'annexe étaut munie d'un grappin, petite ancre que l'on peut balancer à l'eau pour retenir l'annexe au sable. Donc je dérive, au désespoir, sans moteur, sans rien d'autre que ma lampe de poche. Je vois de la lumière au loin, sur un voilier du Rids. Dans sa direction, je pointe ma lampe, et fais S.O.S en morse (langage appris aux scouts) en activant trois fois rapidement, puis trois fois lentement, puis encore trois fois rapidement la lampe. Au bout de deux ou trois S.O.S, ils me répondent S.O.S en morse, ce qui veut dire qu'ils ont reçu mon alerte, je suis sauvée. J'étais vraiment partie loin, en attendant leur arrivée je réalise ce que j'ai fait, alors que je suis toujours à la dérive. Et s'ils n'avaient pas été là, qu'est ce qu'il se serait passé? Je ne suis pas très curieuse de le savoir. Bientôt j'entends leur moteur et vois leur lampe, je suis contrite, confuse, et je me sens très très bête. Ils débarquent, deux jeunes trop sympa, Yann et Rudy, je les connaissais déjà de vue, première fois que je leur parlais, et dans quelles circonstances! Ils m'expliquent que le moteur est noyé, le redémarrent, et je repars vers l'hôtel pour aller chercher Nyels. J'arrête le moteur trop tôt et ne peux pas accéder au débarquadère. Alors Nyels enlève tous ses vêtements, et saute à l'eau récupérer le dinghy. On monte et on rentre. Le lendemain on raconte tout à François et Nicole effarés, bien contents que rien ne soit arrivé ni à l'annex ni à sa piètre conductrice...

Le lendemain donc, même problème, on a louppé la dernière navette. Sauf que le problème est bien plus gros que la vieille. Il faut ramener tout mon bordel de l'hotel. On décide donc de le ramener en annexe. Complètement farfelue comme idée, et surtout absolument débile. A trois dans une annexe avec un ampli, une batterie, une guitare, un yukulele, un pied de micro, des sacs à dos et des sacs de linge, la raison même, le bon sens nous a soufflé cette idée! On ajoute à cela, le vent qui souffle plus fort que la veille, et la mer qui est plus agitée, et on a le cocktail parfait du fiasco complet. On s'est pris toutes les vagues dans la tronche, Nyels et moi on était trempés, l'ampli mouillé, 50 mm d'eau dans la boîte de la batterie, le constat de dégâts en arrivant à bord était pitoyable, et j'étais terrorisée à l'idée que l'un de mes précieux objets ne marche plus. Chance, la batterie fonctionne, pour ce qui est de l'ampli, pas encore osé l'essayer....surprise!