jeudi 1 octobre 2009

Un dimanche a Madere

Le lendemain du concert, je me leve et me demande comment va se derouler ma journee. On est dimanche, le septieme jour, le Seigneur se repose, mais pas celle que Jesus aimait... Je suis loin de me douter que je vais assister a un rassemblement d universalistes, et que j irai dans un bureau de vote. Dimanche totalement couleur locale.... Le matin je fais du stop pour aller a Funchal, parce que le dimanche il n y a quasi pas de bus, et le taxi, c est trop cher. Je tombe sur une famille Maderienne, qui m emmene a l eglise universaliste de Machico. Je me retrouve au milieux de petits portugais tous poilus sentant bon la morue, et on essaie de me faire ingerer moults plats a base d ail tronant odoramment sur un buffet. Je fais un peu tache, ils pensent que je suis suedoise et que j ai dix-huit ans....Je parle un portugol impeccable, ils comprennent, personne ne comprend mes pauvres parents par contre. Toute seule? Voyage?! Chanteuse?!! Bresil?!!! Bateau?!!!! Et ta famille? Et tes amis? Ils ne te manquent pas? Mais comment tu fais pour t eloigner d eux? Moi peux pas. Et ben moi je peux, et toc! Na! Allez j y vais, merci pour l ail, la morue, le ride, et bom domingo a tudos!

Je vais au cyber, ecris blog, arrange appointment avec Pedro devant shopping center. Il vient me chercher, bonne bouille toute ronde, il parle un anglais impeccable, il est prof de portugais-anglais.... decidemment, la chance me sourit! En ce moment, le matin il a des classe de jeunes, et le soir des retraites. On devine a sa facon de parler qu il a une infinie patience. Comme Reinaldo, il me demande quelles sont mes exigences en matiere de nourriture, mais, soucieuse de ne pas le bouleverser dans les siennes, je lui retourne immediatement la question. Il a un special diet, il ne mange que du poisson, le soir soupe-salade, beaucoup de legumes et de fruits. Je suis aux anges.... Parfait, je peux dire sans mentir que je suis exactement le meme regime. Ajourd'hui c'est dimanche, je dois aller voter, ca prendra deux minutes, ficas no caro or you come with me? I go with you of course! Et je me retrouve dans l'ecole communale du coin, portugais, petits, grands, jeunes, vieux, viennent aujourd hui decider de l'avenir de leur pays en élisant les membres de leur gouvernement. Et je suis là pour y assister, je participe, je decouvre, j'observe, je vis!
Retour voiture, direction Canico chez Reinaldo pour recuperer mes affaires, et prendre un dernier pot avant les aurevoir. On se rend a l'hotel do Galo, cafe perche en haut d'une falaise avec vue imprenable sur la mer, tout simplement magnifique. Mes deux comperes parlent protugais, et j'en profite pour me laisser aller a mes pensees. C'est un reflexe acquis en Argentine. On ne peut pas toujours être au taquet et essayer de comprendre tout ce que les gens disent autour de vous. Déjà, quand ils s'adressent a vous, vous méningez a toute blinde, mais quand ils parlent entre eux, vous pataugez carrement dans la mélasse. Alors tout d un coup, vous switchez, vous tombez dans un autre monde, le votre. Vous etes present physiquement, vous avez de la compagnie, mais vous etes seul avec vous meme et le blabla de votre entourage devient un lointain brouhaha, toile de fond de vos reflexions. Et si vous etes face a un magnifique paysage, cafe au lait chaud, petite cigarette legere, vous plongez dans la fosse abyssale de vos pensees. Moment tres agreable, et tres reposant. Plus de mots, plus de langues, plus de questions sans reponses, zeeeeeeeeeen.
On se quitte, on se retrouvera vendredi a la teuf de Marcela, et on s appelle pour aller grailler des suchis.
Suspense suspense... comment ca va etre chez Pedro?
Rue calme, bel immeuble, parking, ascenseur, ca se presente plutot pas mal....
il ouvre la porte... alors... alors...
oooooooohhh, c est trop bien! Vaste salon, couleurs claires, bon canape, je repere l endroit ou je vais poser tout mon matos et repeter, face terrasse.
Terrasse justement, petit siege pour petites clopes, vue imprenable sur l ocean, je suis abonnee...
Une chambre tres coquette pour moi toute seule, et cerise, je peux rester la autant de temps que je veux.
Pedro opine du chef a tout ce que je lui raconte sur ma vie, ma philosophie, Anne 25 ans, pas de diplomes, pas de permis, pas de pression...Il approuve a cent pour cent. Diner fin, salade de poulet, petit vin blanc, longues conversations, anglais, et....portugais! On me reprend, on m apprend.
Je dors bien, me reveille crevee le lendemain. Je ne recupere pas, je suis stressee. Concert prevu a l Apollo, grande brasserie, je stresse, je bosse. Carlos m appelle a 16h, c est annule, je lui raccroche presque au nez, excedee. En stand bye qu il dit, mais sait il seulement a qui il s adresse? On ne me met pas en stand bye moi! Comme si celle que Jesus aimait allait patienter...pff. Ils vont voir de quel bois je me chauffe, je vais aller draguer les deux restos d en face et piquer tous ses clients a ce SOB de portugais. Pedro veut sortir, mais je suis trop naze, fico na casa, I want to be reasonable. Mais je suis pression, je suis colere, je baille je baille, mais le sommeil ne vient pas. Celle que Jesus aimait ne peut supporter l affront, cependant, nouveau voyage, nouvelle philçosophie, elle accepte. Et se love enfin dans les bras de Morphee.

Le lendemain chouette programme, plage et repete. Plage beautifull, repete interessante, petite trouvaille, un morceau de Beth Gibbons, la chanteuse de Portishead, Mysteries, tres kiffant avec le jamman. Viree dans le centre en solo, cyber, skype, Papa Maman, achat du diner surprise que je prepare pour mon hote, tomates mozza et traditionnel crumble au saumon, ok, you stay with me forever, it is too delicious, how much do you need? On veut me payer pour me recevoir maintenant....! On me donne un double des clefs, je suis la premiere des couchsurfeuse recue a les avoir, privilege!! Longues conversations, anglais, portugais, on progresse a grande vitesse, faut dire que le prof assure... Dodo, facile cette fois-ci. Dans la soiree j avais ete voir le cafe en face d Apollo, patron trop sympa, qui dit que je peux venir quand je veux et faire passer le chapeau, apres demande a la mairie.

le lendemain je telephone a la camara du municipio, je peux faire ce que je veux, mais le cafe ne dispose pas d une license, lui il a les mains liees. Merde, vengeance Apollo tombe a l eau. Pas grave, j accepte. Je repete et nous partons pour Quinta, il pleut mais je chante quand meme, a l interieur cette fois-ci. Le concert se passe merveilleusement, mon tcheque me clignote a tout va, tout le monde sous le charme, Guaranteed, de la Bo d into the wilde, fait un carton, le plat pays qui est le mien a conquis mon catamaran belge et sa femme, silence religieux de deux fois 1h30, tous les yeux rives sur moi, celle que Jesus aimait est assise a la droite de Dieu tout puissant. On me glisse des billets, Anna is our superstar! Ensuite je prends un pot avec les tcheques, les suisses et un couple franco-suisse. J ai une descente d adrenaline, et je realise que tout le monde est en couple, ou en famille, ou entre amis, et moi, je suis seule au monde. Je suis seule ici. Je suis seule. J accepte, c est moi qui l ai voulu. Mais parfois, quand je vois tout le monde ensemble, c est dur. Un gros poids pese sur mes epaules, j ai peur, j angoisse, je realise ou je suis, ce que je fais, je me demande soudain pourquoi, et je tombe dans un puits sans fond. Descente d adrenaline, parfois ca passe tout seul, et de temps en temps ca vous casse. On va boire un coup sur Rania, le bateau des suisses. Pastis, fernet, Vino da Madeira. J oublie completement que je n ai pas mange depuis le matin, je bois, et sem fakt ochelala! On rigole, on prend des photos, soiree trop sympa et les tćheques m invitent a dormir sur Alya II, leur voilier, nomme d apres une etoile, donne offert a Martin par la veuve de celui qui le construisit pendant 20 ans. J exulte, je dors sur une star, invitee par un heros, je sommeile lourdemment toute alcoolisee, me reveille a 5h du mat prise d une envie pressante, sors en T-shirt culotte titubante du bateau, manque de passer a la baille, le catway est trop petit pour mes zigzags d ivrogne, et je croise, en tenue legere, le vigile de nuit, dont j ignorais totalement la presence, hilare...

A present je suis toujours sur Alya, les tcheques m ont invitee pour une deuxieme nuit de folie, ce soir on fait un barbecue sur Petunia, l enorme voilier vide que garde Anne la bateau-stoppeuse, et cette fois-ci, Maya me fait des pommes de terre, pas question de se balader en culotte a pas d heure en plein milieu de la marina chic de Quinta...