Je suis une machine à fric. Dès que je chante dans la rue, même une heure au lieu d'une heure trente, je fais minimum 40 euros. Du coup je cours, je chante après la thune... Pas bien. Tous les jours, je me dis;" allez, aujourd'hui je me repose, je chante pas", mais j'y vais quand même. Cette après-midi, la corde a failli casser. J'ai annulé le concert à Quinta parce que c'est trop loin, et parce que le centre commercial me prend 5 fois par semaines, alors j'ai pas besoin d'aller m'enquiquiner à traverser toute l'île en bus avec mon cagibi. Ciao Captain's bar! Je me paie le luxe de démissionner... Enfin c'est pas encore officiel, mais ça sera fait dans la semaine. Mais bon, même si je n'allais pas a Quinta, j'avais quand même envie de chanter. je me pose donc sur mon spot préféré, celui entre Apolo et Cafe do Centro, en pleine rue piétonne. A chaque fois je n'ai qu0une peur, que les gens pensent que je fais du play-back avec ma pédale sampleuse, et qu'ils ne voient pas ma boîte panthère. Alors qu'aux vues des sommes que je je ramasse, il est clair que les gens voient la boîte... Mais j'angoisse toujours à ce sujet. Ce matin j'écris donc un petit speech, pour me présenter, présenter mon jamman et ma boîte panthère. Et cette après midi, après avoir chanté 4 chanson chacune dans une langue différente et avoir capté l'attention de mon public, je décide de faire mon speech de présentation. Sauf que j'ái éte prise de panique, première fois que je communiquais de manière aussi directe avec les gens, debout, micro à la main, Normalement je reste assise et rebondis sur une chanson, un évènement, mais je ne plante jamais en disant salut c'est moi la french girl. Je me suis donc plus ridiculisée qu'autre chose... Depuis le début du concert, je sentais que ma voix fatiguait, et là, avec tout ce stress, toute cette pression, Cannes, le festival, ma voix étais bloquée. Descendue à la cave, j'étais une basse, Sarrastro de la Flûte Enchantée. Perdus les jolis aigus, je n'étais plus aussi charmante que la veille. J'étais applaudie malgré tout, mais moi je savais que quelque chose ne tournait pas rond. J'ai donc écourté, n'ai chanté qu'une heure. Moment boîte panthère. C'est toujours le même rituel: je vais dans mon troquet préféré, Apolo Mar, sur la marina. Je demande un déca au lait, quand il arrive je sors une clope, je l'allume, je sors ma boîte, et je compte discrètement sur mes genoux les pié-pièces. 46,40. Une heure. Un scandale. La plus mauvaise presta, le meilleur rendement. Le monde ne tourne pas rond. Heureusement je suis plus impressionnée par ma presttiona branlante que par mes pièces sonnantes. Je décide donc de me calmer. Mais il faut dire que c'est trop tentant, je sais qu'à chaque fois que je me pose, c'est au moins 40 euros de plus dans mes poches, c'est trop facile! Ne pas tomber dans le piège... Le week end arrive, il va falloir assurer, repos. Demain je ne chante pas. De la journée. je vais visiter l'île avec un turque et un français. Ou pas. Je vais peut-être passer toute la journée à buller-bronzer sur la plage, mais il ne faut pas chanter. Repos forcé.
Ce matin, rendez-vous professionnel (mégalo quand tu me tiens!), avec le directeur du giant shopping center Dolce Vita. Roberto arrive, tout sourire, à 11h pétantes. Après vous a senhora, muito obrigada o senhor. Salle de réunion, tête à tête. Je vous retranscris tout en français.
- J'ai parlé à mon patron, je lui ai dit que tu étais venue par surprise dimanche, que je t'avais laissée chanter, et que ça avait bien fonctionné. Qaund je t'ai décrit, il t'a reconnue parce qu'il t'avait vue chanter le lendemain devant Apolo. Il a dit qu'il t'avait beaucoup aimé, et qu'il n'y avait pas de problèmes pour que tu chantes au Dolce Vita.
- Chouette!
- On voudrait que tu chante le lundi, le mercredi, le vendredi, le samedi et le dimanche, une heure à chaque fois. On te donne 30 euros de l'heure, tu nous donneras un reçu de ton hôtel, comme ça ça justifiera les dépenses, donc en gros on te paye l'hôtel, officiellement.
- Chouette!
- Mais tu m'as dit que le mercredi et le samedi tu chantais à Quinta do Lorde non?
- Oui mais je vais arrêter, c'est trop loin, trop fatiguant, enfin je suis pas sûre, mais je songe à arrêter.
- Bon si jamais tu continues, le mercredi et le samedi on te fera chanter à l'heure du déjeuner.
- Chouette!
- Tu ne comptes pas rester à Funchal plus lontemps? Tu pourrais commencer une carrière ici, les gens commencent à te connaître, on pourrait te donner plus d'argent, te faire un vrai contrat, te mettre en relation avec des hommes d'affaires, pour leurs évènements, etc... Madeira c'est génial pour toi, parce qu'il y a peu de gens qui chantent dans la rue comme toi, et qui font ce que tu fais, alors du coup ça attire l'attention, en plus tu es une fille, c'est encore plus rare!
- C'est vrai, et j'adore Madeira, c'est super. Mais je ne peux rien prévoire à long terme, je ne sais pas si je serai encore là dans 15 jours! Je veux aller au Brésil, c'est mon objectif.
- Mais tu vas revenir à Madère un jour?
- Je pense oui, je commence à m'attacher à cette île, à m'y faire des bons souvenirs, donc je pense que je vais revenir.
- Bon et bien quand tu reviens, viens tout de suite nous voir, et on te fera chanter, quand tu veux!
- Chouette!
- Bon on a qu'à faire comme ça. A la fin de chaque semaine, on fait un point, pour que je sache ce qu'il va se passer la semaine qui suit, comme ça on peut s'organiser. Mais essaie de ne pas me prévenir la veille au soir si tu pars, parce qu'on va faire une petite publicité autour de chaque performance, donc il ne faut pas que les gens soient prévenus, et que tu ne sois pas là.
- D'accord.
- Bon je suis vraiment très content, je ne regrette pas de t'avoir laissé chanter. Mon boss est très content aussi. Tiens moi au courant si tu ne chante plus à Quinta, et si ton hôtel peut faire des factures à notre nom.
- Ok, je t'envoie un texto en fin-d'aprèm.
- D'accord, je te raccompagne.
On se sert la main, et je pars en volant, virevoltant, sur une mer de nuages d'égo-surdimensionné... Je me rends à mon hôtel, demande combien c'est la chambre individuelle avec salle de bain privative (je ne me refuse rien!), c'est 15 euros. On peut faire une facture au nom du shopping center? Oui, pas de problèmes. Donc pour une heure au Dolce Vita, j'ai deux nuits d'hôtel dans ma chambre à moi toute seule! Yes! Un moment je me dis que peut-être, je devrais rester à Madère. Et puis finalement non. Je me méfie des îles, c'est toujours un peu craignos, et puis le Brésil c'est tellement plus excitant! Nao. Eu vo no Brasil.
Maintenant, je dois m'organiser. J'ai 5 jours de sûrs pour la semaine qui vient, il faut décider avec Roberto desquels il s'agira. Quinta, c'est trop loin. Je suis autorisée de parole à la réunion du Rallye du Soleil, 38 bateaux qui vont ensemble au Brésil, plus besoin des concerts pour faire des annonces, puisque j'aurai 38 proprios qui m'écouteront quémander une place dimanche prochain for the big rallye meeting. Je peux faire des concerts dans la rue pour le liquide, mon logement est assuré, et les 3h d'esclavage (3h de chant, c'est pas viable) de Quinta ne me font plus rêver du tout. J'annule finalement le concert de ce soir. Pas génial mais elle comprend, trop loin, pas trouvé de voiture (pas cherché), bus trop compliqué. See you saturday then call me this time if you need a car... Pas le courage de dire que je viens pas samedi, ferai ça demain.
Ce soir c'est la dernière soirée des p'tits suisses, snif... Une autre page se tourne, c'est la fin d'un moment, mais les tchèques restent! Demain, repos total donc, plage, visite en compagnie, ou plage plage tranquilou toute seule, au choix... la vie est belle!