mercredi 28 octobre 2009

Dakhla, terra nova

Dakhla, c'est le Maroc, le sud du Maroc, à la frontière avec la Mauritanie, aux portes du désert, accostée à la mer. Dakhla c'est le Maroc, et les marrocains. C'est l'orient, la tradition musulmane, le tagine, la gentillesse, la vie la nuit, les patisseries. Je m'en gave depuis deux jours, je suis un peu stressée, quand je stresse, je mange. J'ai des pensées négatives, rien de bien préoccupant, mais ça me fait boulotter des gâteaux secs toute la journée.

A Dakhla nous sommes au mouillage, devant l'hôtel de luxe Best Western Bab el Bahar. Au début ça nous saoulait, pour parler jeune et franchement, d'être au mouillage. Pas d'électricité, pas d'eau courante, bidonnage, navette en annexe, pas drôle, pas pratique. Puis le charme visuel et l'ambiance très particulière qu'offre ce mode de stationnement nous ont vite sauté aux yeux. La vue de notre fière flotte dans la brume nocturne, face aux lumières chatoyantes de la ville, offre un spectacle tout à fait spécial à nos yeux habitués aux enfilades de mâts sur les catway. La balade en annexe entre les bateaux est l'occasion de les voir de près et d'en saluer gaiement les équipages, et les passeurs de l'hôtel sont d'une gentillesse et d'un entrain à vous rendre sédentaire pour un temps, dans cette enclave aux portes de l'Afrique noire. De l'hôtel, la nuit, les lumières de tous nos mâts font une guirlande scintillante qui veille sur une mer d'huile. Ravissant spectacle dont nous nous délectons souvent avec Nyels et N, en dégustant une bouteille de Gerrouane gris.

Avec mes deux compères, nous nous rendons directement en ville, pour internéter, visiter et déguster. Nous trouvons un charmant boui-boui qui nous sert de délicieux tagines arrosée de sodas, car au Maroc, on ne vend pas d'alcool, sauf dans les hôtels. Installés à notre table nous avons tout le loisir de regarder vivre Dakhla, passer ses passants, parler ses gens. Je suis tous yeux et oreilles, attrappe des "chouf chouf", des "jouia", des "labes", je veux parler arabe, et utilise tant que je peux les deux trois mots que je connais, saoulant comme à mon habitude mes interlocuteurs de "comment on dit". Nous passons devant une promenade en front de mer où se détendent, jouent et discutent des hommes, des femmes, leurs enfants. Je dis:"je vais jouer ici". Mais au fond de moi je ne suis pas sûre de pouvoir concrétiser cette envie, cela se fait-il de demander de l'argent à un pays moins riche, en étant de surccroît une femme, et dans la rue? A voir, à vérifier. Nous Guerrouanons puis regagnons nos bords.

Le lendemain, Nicole et Françoise partent en goguette. Il n'y a aucun bateau autour de nous, nous sommes au mouillage. C'est un peu la liberté toitale sur Pilhouë. Nous petits déjeunons gaiement comme à notre habitude avec Nyels (nous sommes toujours de bonne humeur, mêmes préoccupés, nous ne nous tirons jamais la gueule, c'est juste idéal), Anne de pétunia, la bateau stoppeuse, nous rejoint à la nage, nous la raccompagnons à son bateau toujours à la nage, sautons, plongeons d'étrave et regagnons Pilou. Une idée me vient, installer tout mon bardas et jouer dans le cockpit. aussitôt dit, aussitôt fait, je me branche, et c'est parti la musique. Répète surréaliste, qui nous fait germer des idées de clips toutes plus délirantes les unes que les autres, pour la chanson que je peaufine, une compo en anglais, for, inspired by the crazy czec guy. Je la jammanise à fond, frissons de bonheuir, résultat très très satisfaisant, vive le voyage, le bonheur et les pensées positives! Puis Nicole et François arrivent, un peu surpris par mon installation rocambolesque. Je remballe tout et part en balénière tout déposer à l'hôtel, galvanisée par ce moment magique de musiqe, plus rien ne peux venir m'empêcher de chanter dans les rues de Dakhla. Nyels me rejoint, nous patissons, buvons mojitos et thés à la menthe, et à la tombée de la nuit, au moment où les gens passent et repassent, je pars chercher bravement mon charriot à l'hôtel , la peur au ventre.