samedi 10 octobre 2009

L'histoire vraie

J'ai pêché. Par omission. J'ai menti. Je ne voulais pas qu'on s'inquiète. Maintenant je suis tellement énervée contre moi-même et le portugal que je ne peux plus dormir (il est 5h35 du mat), je dois vider mon sac. Je chante à la marina de Quinta do Lorde. Je traite avec Caterina, sale pute notoire. Dans mon jargon ça veut juste dire que c'est une hypocrite de la pire éspèce et qu'on ne peut pas lui faire confiance. C'est elle qui voulait, la malheureuse, me payer en pétrole et en tickets restos. Comme si, en plein régime, et voulant volontairement ne pas passer mon permis, j'allais me metre à bouffer du bacalau par kilos et à conduire des hummers... Pauvre folle! On avait convenu d'un 30 euros par heure, à mon goût un peu trop facile à négocier, j'aurais dû la voir venir, la poissonnière avec son kilo de thon au rabais! J'ai chanté 9h en tout, 3 fois trois heures. Les deux premières fois furent accomplies par plaisir et nécessité. J'avais besoin de reconnaissance et d'argent. La dernière fois, venant après mon expérience de la rue où j'ai gagné argent et reconnaissance, j'y suis allée, juste pour récupérer mon blé. Avant de venir, j'appelle sale pute, je lui demande, will you have the money tonight? Parce qu'à chaque fois que je lui demandais, elle me disait que non, qu'il fallait qu'elle voie avec la compta. Mercredi dernier j'ai posé un gros lapin, espérant que ça ferait son effet, et je suis revenue toute fleur par téléphone pour ce soir avec l'éternelle question, are you gonna pay me tonight? Finally she said yes! Donc j'y suis allée, confiante. Je n'y retournais que pour ça, mon argent, mon oseille, mon blé. Et aussi pour trouver un bateau, very important. Bref, je voulais à la base tout lâcher, mais les seules choses qui me poussaient à me rendre dans l'anti-chambre de l'enfer où l'on me réduit quasiment à l'esclavage, étaient les trois élémemts dont dépend ma survie sur cette planète: la musique, le voyage, et l'argent. Bref, je vais à Quinta, par mes propres moyens, galvanisée à l'idée de recevoir les 270 euros bien et durement gagnés. Je ne sais pas si vous vous rendez compte, mais chanter 3h c'est absolument énorme. C'est trop long. C'est usant, fatiguant, et emmerdant! 3h c'est beaucoup trop long. Naturellement, sans regarder ma montre, je m'arrête au bout d'1h30, pile poil en général.

Je pars donc de Funchal, chargée comme un bodet, à 15h30, et arrive à Quinta à 18h30... 3 h pour faire 40 km en bus, génial, la meilleure journée de ma vie. A l'arrêt de bus, en transition a Machico ou j'ai du attendre 1h30 le bus suivant, parce que Quinta do Lorde, en plus d'être un repère de crapules, c'est aussi au cul du monde, j'ai rencontré des triplés portugais de 11 ans, parfaitement bilingues anglais-portugais, qui étaient fort intrigués par "je te promets" de Johnny Hallyday que je répétais sur un banc, aux vues des trois heures de supplice, les dernières, que je m'apprêtais à passer au captain's bar de Quinta. Rencontre fort charmante... Bref. On vient me chercher à Caniçal. Sale pute dans sa Citroën citadine. Will you be abble to pay me tonight? Yes of course! Great! J'y vais les mains dans les poches, les doigts dans le nez en valsant. Allez, ce sont les dernières couleuvres à avaler, 3h de plus et tu pourras faire glisser sensuellement des liasses de billets entre tes doigts, vas-y donne tout. J'y vais, je donne tout. Je fais un sans faute, pas de trous de mémoire, pas de problèmes de sampleurs, du pro. Sue and on ne saura jamais son nom parce qu'on a toujours éte incapables de le retenir, sont là, et rigolent à toutes mes vannes, je suis la reine du monde. Je commence à 19h, à 21h30 tout le monde est parti, ne restent qu'une famille de trois suisses qui invariablement se plantent à une table devant moi à chaque concert et restent du début jusqu'à la fin, Anne la bateau stoppeuse et un nouveau couple de français. J'ai mal au dos, j'ai mal aux mains, j'ai mal partout. Je demande, depuis 21h30, à la fin de chaque chanson, à l'aise dans le micro, il est quelle heure s'il vous plaît? Les six clients qui restent sont avec moi en plein marathon, vas-y, fais tes trois heures, lâche pas, il reste plus que 20 mn. A la fin j'en peux tellement plus que je pète un plomb, et fais mes compos, Garçon de café, I will miss you, Pas une larme et Mamadou. Les français apprécient beaucoup, c'est toi? ah c'est sympa! ça me donne du coeur au ventre. Je termine, à 10h pétantes, les bras en croix, la langue pendante, YES! A moi les 270 euros! Je vais voir sale pute, tout miel aujourd'hui, je te ramène? Ah bah oui, avec plaisir. Tu peux me payer? Yes. So it's 270, 9 hours of 30 euros, is it ok? Yes. Bon chouette. Je remballe, tchatche 15 mn avec le couple de français qui a une histoire incroyable, que, si je n'avais pas à déverser mon venin sur cette sale pute de Caterina, je vous raconterais volontier. On rentre en caisse à Funchal avec celle que Jésus adore, déteste, et elle est incroyablement, inhabituellement volubile. Elle me parle de la crise, je lui demande une adresse de massage pas chère pour mon dos qui me torture, elle me dit qu'une de ses potes me le fera gratis, etc..etc... Elle me dépose non pas à côté, non pas devant, mais dans mon hostel! Je ne suis que gratitude et remerciements. Au moment des aurevoir, elle me tend une enveloppe, que, polie, je me refuse à ouvrir devant ses yeux, ne voulant pas lui montrer le peu de confiance que malgré tout, je lui accorde. Bien mal m'en appris. Dans l'enveloppe, je n'ai trouvé que deux maigres billets de 50 euros! Kurva, falopera, hija de miles putas, you big fat lazy cow, greatest bitch I've ever seen, for the love of God!!!! Je passe en coup de vent devant mon coup de coeur du moment, beautifull Nicholas, de St-Gernain en Laye, mais avec un H, perso ça m'arrange... bref! C'est à peine si je lui dis bonjour alors que 5 minutes après lui avoir parlé, la veille, j'étais croc, comme qui dirait... Je file au télephone public de l'hostel et laisse un message sanglant sur le répondeur de sale pute, I trusted you, I even began to like you, what does "yes" mean to you? I didn't even wanted to sing tonight, I did it only for the money and you give me fucking one hundred euros? Anyway I come back tomorrow and I want the rest of it, otherwise I am gonna make a bigdeal out of it. Et c'est vrai. Ce soir j'ai vu le directeur de l'organisation du rallye du Soleil, qui est complètement tombé sous mon charme au point que quand je lui ai dit, je ne vais pas vous déranger plus longtemps, il m'a répondu, mais non au contraire, prends une chaise et viens t'asseoir avec nous. Bref, j'étais déjà installée pour ma pause à la table de slovéniens (depuis ma rencontre avec les tchèque je suis irrémédiablement attirée par les pays baltes), mais j'ai quand même eu le temps de me laisser dire par Mossieur l'organisateur que je pouvais venir en fin de réunion des 38 skipper ce dimanche à 18h, faire une annonce, et que cerise, j'étais conviée au cocktail après. Donc demain je retourne à Quinta, et sale pute va m'entendre, et si ce n'est pas elle, ça sera les 38 skippeurs, et toute le marina avec! Fakt kurva dubri, polipme pardel prosim ty vole!