mercredi 28 octobre 2009

Bienvenue, wilkomen, welcome

Le jour se lève à peine sur l'eau calme de Dakhla que déjà je ne suis qu'envie pressante d'en re-découdre avec les marrocains. Ils ne sont pas faciles, et je vais devoir lutter. Anticiper, réfléchir, m'organisere et agir. Mais d'abord je dois remèdier à une énorme tête dans le coltard que m'a valu une nuit passée à dormir à la clocharde sur les transats de l'hôtel de luxe, en compagnie des deux compères équipiers du RIDS. Pas le courage de rentrer en annexe. Nous nous réveillons à sept du', prenons l'annexe et rentrons. Nous montons sur Pilou avec Nyels, et trouvons Nicole et françois frais pimpants; qui nous accueillent goguenards, mais où étiez-vous, mais Anne tu nous l'a complètement dévergondé, il découche lui aussi maintenant! Rigolades, colibets au petit matin, ça met toujours en forme pour la journée! je fais du thé, du café et des tartines grillées tout en commentant à mes parents de seconde main, la presta de la veille, et des histoires de coeur, matin Ricoré sur Pilhouë!
Nous partons tous ensemble ensuite à la messe.

Non je déconne.

!

On embarque sur l'annexe, François me laisse le portable, et tout ce petit monde part excursionner tandis que je me prépare à passer une journée très relax pépère dans l'enceinte de l'hôtel, avant d'afronter les tempêtes marrocaines. Au programme, internet, nage, cafés-cloppe, dodo, guitare, tout ça tout ça. La journée se déroule comme prévue, parsemée de jolies rencontres imprévues, telle celle du fils du directeur de 3 ans qui rigole quand je lance ses chocapics en l'air avant de les rattraper avec ma bouche, et après les balance tous par terre au désespoir de sa nounou, ou celle d'un informaticien marrocain qui gentiment me traduit et dicte les paroles d'Alei kimini salem pour que je puisse la jouer le soir.

Il est cinq heures, je me réveille, sors de la bule dorée de l'hôtel mon troly (charriot en tchèque) sous le bras, et pars me faire rouler, hurler dessus par les marrocains.

je débarque, mais il est trop tôt, il n'y a pas assez de monde à mon goût. Un enfant vient vers moi, deux, trois, six, ils me tournent autour comme les abeilles autour du miel, puis des mauritaniens, un marrocain, je suis restée seule sur la place 10 secondes, et puis après c'était parti pour la fête à la marrocaine. Donc aprèes avoir attendu trois quart d'heure en devisant tranquillement avec les curioeux, je m'installe, pendant que les enfants gueulent dans le micro, tambourinent sur la derbouka que m'avait dégotté l'un d'entre eux, allument et éteignent l'ampli, tripotent la guitare, un massacre, un bordel, un souk. J'avais quasi commencé l'intro de la première chanson qu'ils se jetaient encore et toujours sur le micro pour dire des choses dont je ne comprennais pas le sens, mais je pouvais l'en deviner.... Bref, j' aid u mettre les points sur les I, sérieux, travail, stop, choucrane, et ils ont fini par aller s'asseoir bien segment sur un banc en face. Je me suis instaléée plus près des bancs et de la rembarde, mais j'ai encore plein d'espace au tour de moi. Je fais liberté, et après parle en français cette fois-ci pour me présenter, sans omettre la boite, je n'omets jamais la boite de toute façon.

Les marrocains sont très gentils, et à l'écoute, ici ça ne me viendrait même pas à l'idée d'aller chanter à la terrasse d'un café, parce que je n'ai pas besoin d'aller chercher les gens, ils viennent d'eux même. Ils applaudissent chaleuresementy, ça vous donne du ceour à l'ouvrage. Le seul souci c'est aue je ne peux pas eye-contacter. Qaund je chante, j'eye-contacte. Avec les gens du public auxquels j'accroche. Soit parce qu'ils sont avenants, beaux, ou opinent du chef, ou fixent intensément d'un air défiant, attendant "de voir", ceux-là je dois les convaincre, alors j'eye-contacte. Ca m'aide à rentre dans les histoires de mes chansons; parce que la plupart du temps ça me donne confianc,e alors j'arrête de penser et je chante. Au Maroc je n'ose pas vraiment eye-contacter, tout simplement parce que mon public est à 90 pour cents masculins, et que peut-être que la moitié d'entre-eux sont probablement présents parce que je suis une femme. Donc je perds un peu mon regard, et mes chansons dans le vague, et ça pour convaincre c'est pas génial. Mais les chansons passent très bien, malheureusement, la boîte de s'emplit pas. Avec le même nombre de personnes européennes stationnées à regarder, je devrais ramasser dans les 150-200 au bas mot, mais ici on écoute, mais on ne s'avance pas vers la boîte, je crois qu'on ne pense même pas qu'une boîte puisse exister, on ne voit jamais des saltimbanques traîner dans le coin... Mais je ne panique pas, je la jou cool, je dis que maintenant je vais aller voir dans la boîte s'il y a de l'argent, il y en a, mais c'est tout léger, alors je dis qu'il en faut plus, parce que là c'est chouya chouya. ça les fait bien marrer, et un papa me dit:"vient vient" et glisse un billet de 100 dirhams, environ dix euros, dans la boîte. Folle de bonheur je retourne à ma place et continue. Les gens sont de plus en plus nombreux, c'est la fête, un moment on tape dans les mains en rythme, je lâche le micro et me met à tournoyer avec ma jupe, trop chouette, bonheur, mais pas trop d'argent à mon goût. Je dis bon bah je vais devoir tout donner, je lance L.O.V.E, fais un noeud avec ma juppe, et envoie le poirier et l'équilibre, réaction partgée, d'enthousiasme et de paraît-il selon Nyels, quelques mines renfrognées, mais rien de méchant. je termine. Un homme prend mon adresse mail, il dit être compositeur et vouloir m'envoyer une chanson, mais je n'y crois pas, un autre est journaliste, rendez-vous est pris le lendemain à 14h au bar de l'hôtel. J'ai gagné 21 dirhams, presque 20 euros, pas énorme, mais sympa quand même; et j'ai adoré cette presta, qui m'en appris beaucoup, et surtout que c'était la dernière fois que je faisais des acrobaties avant le Brésil, trop culotté, ou pas assez... Les marrocains ont adoré quoiqu'il arrive et j'ai adoré chanter pour eux, ils sont le meilleur public que j'aie jamais eu, et le plus radin aussi parce qu'il y en a beaucoup beaucoup qui sont restés tout du long et n'ont pas sorti un rond. Mais mon plaisir fut tellement grand à chanter ce soir que même une recette de 5 euros n'aurait pas pu ternir ma joie!