C'est la fin d'une histoire. Une histoire de coeur, de solidarité, de fraternité, c'est la fin de l'histoire avec les tchèques. Ils sont restés à Madère, et je suis partie aux Canaries. Mais on a quand même fait une grosse chouille pour se dire adieu. Je suis restée dormir sur leur bateau, on s'est couchés à pas d'heure, on a fait des films, des vidéos, on a bu du whisky, du vin, de l'alcool à 90º. Ce soir là était un peu spècial, d'ailleurs toute cette journée fut assez éprouvante.
En me levant, je n'ai qu'une obsession, aller chanter. Je m'habille joli, je prends mon charriot et s'est parti mon kiki! je m'installe au café du teatro. je fais mon petit speech bien rôdé, et à peine la deuxième chanson entamée, les gens font la queue pour mettre des sous dans la boite... Je me rends compte qu'une partie de mon succès réside dans ce petit speech. Si je le fais bien, clairement, et que tout le monde comprend, ça marche beaucoup mieux. L.O.V.E avec un petit vieux trop sympa, on applaudi, je pars au bout d'une petite heure, parce que je veux chanter à fond aujourd'hui, je compte mes sous, 49 euros, je suis limite déçue... Que des pièces, même aps de billets de 5! Scandaleux. Je vais ensuite entre Apolo et café do centro, entre temps, pause-café-cloppe-boîte à sous de 10 mn. Je m'installe, petit speech, sousous, L.O.V.E, 50mn (suis pressée, doit aller au Dolce Vita) bravo bravo, pause-café-cloppe-boîte, 52 euros... pas de billets de 5, j'enrage! je vais au Dolce vita, j'avais dit pendant l'après-midi sur la terrasse que j'y serai pour 16h, et je retrouve deux fois deux clients venus me ré-écouter, joie! je les missionne de me prendre en vidéo, je chante, L.O.V.E avec un père de famille qui me demande si je peux donner des cours de gratte à sa fille, mais non, je pars demain! Je vais à la compta de Dolce Vita, Roberto m'accueille, 150 euros à la main, goodbye Ann, thank you for everything, and don't forget to call me when you come back, yes! Of course! Je cours payer hôtel, acheter alcool pour les tchèques avec les 19 euros qui restent, et on part pour Quinta avec N.
A Quinta, on a une soirée chargée. Dîner traiteur de départ avec le rallye, et soirée d'adieu avec les tchèques. je fais connaissance avec mon équipier de Pilhouë, Nyels, grand, beau garçon, trop sympa, je crois qu'on est ravis l'un comme l'autre d'embarquer ensemble. Mon skipper François est halluciné de tout ce que je ramène sur son bateau: sac à dos scout, Yukulélé, guitare, ampli, charriot, tabouret, pied de micro.... Il peste un peu, mais au fond il est très content de m'avoir à bord, on me l'a dit. Et mois je suis ravie à la perspective de partager la traversée avec lui et Nyels. On baffre avec le RIDS (Rallye des iles du Soleil), petit groupe folklo qui vient animer la soirée, et après le déssert, tout le monde va taquiner le dancefloor sur de la musique disco. Je suis un peu attérée, et destabilisée. Je me rends compte que c'est le genre d'ambiance que je fuis à paris, des bourgeois endimanchés qui se trémoussent en mode regard-radar sur de la musique boum-boum. je n'ai jamais vu une marina dans cet état, et ça n'est pas pour me plaire... C'est le moment de rejoindre les tchèques. Je m'enfuis en courant, entraîanant avec moi N, et Nyels à qui je veux absolument faire rencontrer mes amis, mes frères.
On arrive sur le bateau des tchèques, on débouche toutes les bouteilles, on chante, on discute, on filme, on prend des photos, on remplit l'album de souvenirs. Nyels et N vont se coucher, mais moi je reste. Je ne peux pas quitter les tchèques. Je veux qu'ils viennent avec moi! Martin me clignotte, je le clignotte, à vrai dire depuis que je suis avec N, Martin revient à la charge, et moi je craque complet, c'est l'homme de ma vie. Il est profik, dubri, te motz. Avec Maya, on se fait un "toilet moment", on a besoin de parler.
Maya est devenue mon amie, ma conseillière, ma médium, et ma soeur. Je lui dis tout, absolument tout. On café-cloppe, on cuisine, on danse, on joue de la musique, on charrie Martin, on lit les cartes, on se raconte nos vies, nos histoires, notre passé, nos envies, nos espoirs. Les moments qu'on a dore avec Maya, c'est les "toilets moments". Le soir tard, on va aux toilettes, on fait pipi, et on se fume des cloppes et on boit du vin en se disant des trucs qu'on a absolument besoin de se raconter. Dernièrement je lui parlais beaucoup de Martin. I like Martin so much, he makes me dreaming, he's so brave, I want him so baddly. Maya me répondait but go tell him, go kiss him, mais je n'y arrivais pas, parce qu'il y avait N, et N aussi je l'aime beaucoup. Au bout d'un moment, je lâche à Maya sans prévenir, d'un air désespéré: "It's so hard you know, i'm in a moment in my life, i am attracted to every man i see and i get along with, It's too hard!" Maya explose de rire, et moi aussi, on a presque les larmes aux yeux, grand moment de complicité dans les toilettes de Quinta. On revient au bateau. Vers 4h du mat, tout le monde est couché, ne restent que Martin et moi. On se dit tout, et on se dit que later, It's better. On sait qu'on se reverra un jour, s'ils ne viennent pas au Brésil, j'irai les voir à Saint-martin dans les Caraïbes, leur destination finale.
Le lendemain, c'est le grand départ. Adieux déchirants avec les tchèques, je pleure, je ris, on se reverra, C'EST SUR. J'embarque sur Pilhouë, et retrouve la mer, le vent, le soleil, tout ça sur un noble 40 pieds, avec un moniteur de moniteur et un apprenti moniteur, autant dire que je suis bien entourée.