lundi 5 octobre 2009

Stranger in the street

Ce matin, je me lève, et bonheur... il fait beau! Ça veut tout simplement dire: au boulot! J'aide Pedro à nettoyer tout l'appart parce qu' un nouveau locataire arrive, Lucio, prof de sport, et il me pique ma chambre le bâtard! Je suis éxilée au canapé, quelle honte! On frotte, on brique, je vais chercher mon café au lait au troquet d'à côté, clopinette sur balconnet, je prends une douche, je mets des boucles d'oreilles, un haut léger, un calçon noir, je prends à sweat à capuche, on sait jamais, et on va en caisse me déposer en plein centre avec tout mon bardas. Prmière cible, café du Teatro, ils ne m'ont jamais rappelée, je vais le leur faire regretter. J'arrive, me plante devant la terrasse, à l'ombre, devant le regard curieux des clients. Je chante. Maintenant je suis sur des rails, ça coule tout seul, plus peur, plus sueur, seim profik, je suis une pro. On me filme, on me photographie, je suis couleur locale, trop classe. J'ai ma petite boîte impression panthère devant moi, et ça met des pièces à tout va. Je fais L.O.V.E en final, je prends le plus beau du quartier pour venir danser avec moi, succès total, on fait un chouette couple. Il reste discuter avec moi ensuite, et m'indique des bars où chanter. Fich, muito obrigada. Je sors de scène, ou plutôt de la rue où je me trouvais, et vais prendre une eau gazeuse-cloppe dans un autre café. Je me pose, et compte mes pièces... suspense...suspense...Il y a 46 euros, pour 1h30, c'est très correct. Je ressens une liberté intense. Je suis autonome, indépendante, je peux aller où je veux, je me défonce au micro, et les passants me le rendent bien, je suis invincible, irréductible, je suis chanteuse! J'ai l'impression de vibrer de tout mon corps, jamais de ma vie je n'ai fait quelque chose d'aussi fou et lucratif a la fois, j'en ai presque le vertige. Je suis toute seule avec mon eau gazeuse et mon pécule, mais je suis forte, j'ai confiance.



Une demie-heure de pause, et je ne tiens plus, je pars dans une autre rue, seconde cible, Apolo, qui m'a annulé deux fois. J'arrive, j'ai même pas commencé à déballer mes affaires que déjà les passants se pressent autour de moi, les p'tits vieux portugais sont intrigués, les clients des deux terrasses qui m'entourent retournent leur chaise pour avoir une vue imprenable sur celle que Jésus adore... Je commence, tout roule, tout coule, et les pièces tombent sonnantes et trébuchantes dans ma boîte panthère...L.O.V.E avec un ado post-pubère, qui prend la guitare ensuite pour jouer deux de ses compos qui ont leur petit succès. A la fin, quand j'ai tout remballé, il ne reste que ma boîte à sous par terre. Je l'attrappe, et je fais un tour de terrasse façon tour de stade de footballeur qui vient de marquer, en courant, en la secouant au dessus de ma tête et criant de joie, je partage mon bonheur avec mon public, mon public partage mon bonheur avec moi, tout le monde hilare, on applaudit, on crie, bravo bravo! Je pars, rompue mais comblée. Je vais dans un autre café pour compter mes sousous, il ya 50 euros! Bonheur, joie! Je vais téléphoner aux parents pour leur annoncer la bonne nouvelle, je fais ma crâneuse sur facebook, et je pars à la marina, retrouver les tchèques et les suisses.

So? Tso? 96 euros, I sang twice! No way, we are so happy for you! yes yes, it's amazing! Je dis à Martin le tchèque, je te donnes dix pour cent, ça te paiera la marina, mais il veut pas. Mais c'est ta batterie, sans toi j'aurais jamais pu gagner presque cent euros. Ne. Bon alors je vous paie les bières. Ok, fakt dubri. On est tous trop contents, je me pose une petite heure et demie, et vais me planter devant trois restos côtes à côtes sur la marina. Je chante de 20h30 à 10h, je fais la thèque compo pour les tchèques, joliment intitulée "kurva pisnitzka pra thekie", bonheur, plénitude, I love you guys, mie loi thecki. Je sors vidée, pas de L.O.V.E, j'ai pas la force. Mais j'ai la boite à sous bien pleine, je compte, 41 euros, ça fait en tout 137 euros, te motz, allez les copains, c'est ma tournée! Je rencontre un brésilien qui vient me voir après le concert, je lui demande s'il pense que ça va marcher au Brésil, il dit qu'absolument, je n'ai pas de soucis à me faire. On va prendre une bière avec le crazy group, crazy french girl, les p'tits suisses, and crazy tchèques, maintenant on espère qu'une chose, c'est que les tchèques trouvent un job. Moi j'ai Roberto Xavier, le directeur du centre, demain au téléphone, et je vais tout faire pour qu'il engage au moins Maya.

Pedro est venu me chercher à 23h15 à la marina, il fait ça tous les jours, trop sympa, how did it go? 136 euros my friend! Good girl, I'm proud of you! Riz aux légumes, soupe de carotte, blog, clope, et au lit!