Hier, j’ai officiellement passé la meilleure journée de mon séjour à Saint-Martin. Elle fut pleine de surprises, de rencontres et de découvertes insolites. Je me lève bien tard. Au programme de la journée, surf, en compagnie des danois qui, eux, font du kyte surf. J’arrive à la plage du Gallion, pas de danois en vue. Je me renseigne sur les vagues, qui déroulent au large, et auxquelles on accède grâce à la navette flottante du water sport. Pour les débutants, c’est trop gros aujourd’hui, il ne vaut mieux pas que je m’aventure. Je suis très déçue, car je sature un peu de rester allongée sur ma serviette, avant j’adorais ça, maintenant ça m’ennuie terriblement. Je pars donc faire une petite promenade sur la plage. En chemin je rencontre, la rirette la rirette, un jeune black de 28 ans qui est penché sur un cerf volant. Je trouve ce tableau assez inattendu, je vais donc le voir pour satisfaire ma curiosité. Il s’appelle Stéphane, son papa est pasteur, et il vient de passer quatre mois en prison car il a abîmé un type, qui lui avait volé son scooter, avec une machette. Passionnée je lui pose un milliard de questions sur la vie en taule, auxquelles il répond avec bonne grâce. Il était en cellule avec deux chinois tarés, et un vieillard dominicain, ils faisait ses besoins à dans un trou à même le sol de leur cellule, et ils avaient du pain, du peanut butter et de la confiture comme seuls repas… Après cette conversation fort instructive, nous partons essayer de faire voler les différents cerfs-volants qu’il a fabriqué de ses mains. Après plusieurs essais et petits réglages, le premier s’envole enfin, nous le déroulons jusqu’au bout de la corde, et il batifole haut dans le ciel, bien stabilisé par un vent qui aujourd’hui, souffle très fort. Dès qu’il fait mine de piquer du nez, c’est la panique totale, je pousse des hurlements d’affolement, mais Stéphane à chaque fois, rattrape le coup avec brio. Je n’avais jamais réalisé à que le cerf-volant est un hobby particulièrement excitant, on a de gros frissons de bonheur, quand enfin il décolle, et on tremble de peur, à l’idée qu’il retombe, qu’il se déchire dans les branches des arbres ( les cerfs-volants de Stéphane sont en papier), et qu’il faille galérer pour le récupérer. Parfois la corde fait des nœuds, c’est alors branle-bas de combat et gros stress pour les défaire. Au bout d’un moment, les danois arrivent, et je passe l’après midi à papillonner entre les kyte-surfeurs et mon ex-taulard. A un moment, j’entends au loin le bruit d’une batterie. Je suis le son à la trace, et je déboule dans un petit bosquet où un zicos est entrain de répéter sur son instrument. Je suis absolument étonnée, et ravie de cette découverte insolite. Il s’appelle Eric, il a un groupe sur l’ïle, et il est prof de batterie. Il vient dans ce petit bosquet trois fois par semaine pour répéter. Je lui demande la permission de lui amener mon ami danois Andy, qui fait lui aussi de la batterie et à qui cela plairait sûrement de taper la grosse caisse dans un cadre aussi curieux. Eric accepte, je lui ramène Andy qui est très étonné, et qui en effet, joue de ses baguettes avec un certain talent.
Bientôt, le soleil se couche, je quitte Stéphane, et les danois, très gentiment, me ramènent en voiture jusqu’à Marigot. Je me douche, m’habille et part chanter dans la marina. Je fais un bon show, mais suis extrêmement déçue par le manque de vivacité de mon public. Aux vues des sous que je ramasse (60 dollars et 18 euros), les gens apprécient, très rares sont les tables qui m’envoient balader quand je leur présente ma panthère, et les compliments ne manquent pas. Mais ça ne m’empêche pas de très mal supporter le fait qu’ils soient, pour la plupart, le nez dans leurs assiettes, ou en train de discuter entre eux. Je voudrais que tout le monde n’ait d’yeux que pour moi. Mégalo, quand tu me tiens ! Les tchèques et Andy sont là, qui tentent de chauffer l’ambiance en poussant des cris et en tapant des mains, mais ça ne prend pas. Je chante deux chanson, ma longue compo anglaise et le garçon de café, qui connaissent un réel succès, les gens ici, aiment bien les compos, c’est donc le moment pour moi d’en balancer pas mal, je suis très contente sur ce point. Mais par exemple, contrairement aux africains du nord et aux brésiliens, les occidentaux n’ont pas besoin que je parle entre les chansons, et moi, j’aimais bien raconter ma vie pendant le show, mais ici, ça n’intéresse personne. Je me contente juste de montrer comment marche le jamman, et les outils grâce auxquels j’ai mon électricité, et puis j’enchaîne les chansons. Heureusement que les tchèques, Andy, et les serveurs des restos se montrent très enthousiastes, cela me remonte un peu le moral. Très clairement, je n’aime pas trop chanter ici, mais avec un tour par jour, je gagne en deux jours plus de 100 euros, je ne vais pas cracher dessus.
Journée, donc, en tous points parfaite, plage, rencontres, sensations, musiques, sousous, amis, oh it’s such a perfect day !