jeudi 15 avril 2010

(soupir)

Ces derniers jours furent un vrai délice. Je les ai passé à profiter des petits bonheurs dont la vie vous fait parfois cadeau. Parfois, elle met sur votre route des personnages qui se promènent avec vous quelques jours seulement , et partagent vos joies. Le moment est éphémère, mais le temps coule tout doucement et vous fait vivre chaque instant intensément. Sans jamais vous ennuyer, vous vous habituez à n’être plus seul, et tout d’un coup, seul, vous ne voulez plus l’être. A deux, on est bien. On est bien à deux, quand on n’est qu’un. Mais, comme dirait notre copine, il faut un temps pour tout. Alors, tout feu tout flamme, soudain on s’assagit, et on se dit, jolie parenthèse, enchantée, charmée même, soyez heureux, portez-vous bien, et que Dieu vous ait en sa sainte et digne garde. Le plaisir est partagé. Après s’être croisées, vos routes se séparent, et vous laissent dans la douce mélancolie de merveilleux souvenirs. Un pied devant l’autre, seul à nouveau, vous avancez bien, mieux qu’avant même, mais avec ce poids sur la poitrine, comme quelqu’un qui tiendrait dans sa main votre cœur, et le presserait pour en faire sortir les larmes que vous vous refusez à laisser rouler de vos yeux.

(soupir) Que c’est dur la vie !

Une véritable tragédie grecque s’est jouée cet après-midi sur les pontons de Bobby’s Marina. Le gentil danois a mis les voiles, cap sur les îles vierges. La petite française a voulu se noyer de chagrin dans l’eau croupie du port. La courageuse tchèque l’a rattrapé au vol, et ligoté au taquet d’amarrage. L’œil rougi, la joie en berne, la petite française a regardé disparaître dans la ligne d’horizon l’esquif danois. Plus tard, elle est allée chanter son chagrin sur d’autres catways , pour d’autres marins, et des touristes ventripotents passablement déprimants. La française savait que le danois partait, mais elle ne pensait pas que ça serait aussi terrible de le regarder partir…

Mais ! La musique adoucit les françaises enragées, et pour une fois, sans trainer la patte, j’ai mis tout mon petit cœur brisé à l’ouvrage, j’ai parlé haut et clair, j’ai chanté bien et juste, et j’ai gagné en dollars et en euros, ce que j’avais perdu en frissons de bonheur… C’est donc reparti pour un tour, c’est reparti pour vingt jours, et, soleil ou pas, je chanterai désormais midi et soir, en Hollande et en France, je me viderai la tête et remplirai mes poches, et pis c’est tout ! Au revoir le gentil danois, adiou adiou !