samedi 2 janvier 2010

Feliz ano novo!

Réveillon très spécial, le meilleur que j´aie vécu depuis longtemps. Il a plu des cordes toute la journée. La veille, un blackout total et une coupure d´eau a mis toute la ville en émoi, et en panique. Pas de glace, pas de lumières, pas de son, et rien ne promettait le retour de l´eau ni de l´electricté. Les chiottes étaient inutilisables, pas d´internet, rien. Le néant. Je suis donc partie me réfugier sur le continent, à Angra. Là il y avait tout, lumière et eau. J´en suis revenue à 17h. Je croise à la sortie de mon bateau une copine qui me dit qu´elle a été invitée par Géronimo l´argentin ( un des trois marins qui nous ont accueilli le premier jour avec Eric) à réveillonner sur son bateau. Et que je peux venir aussi. Moi je réfléchis deux secondes. J´ai le choix entre réveillonner dans le resto de ma pousada du centre ville où la bouffe est juste trop bonne, ou réveillonner sur un bateau. Je choisis de suivre ma copine. Tant pis pour la bonne bouffe, de toute façon je trouve que les gens de la pousada sont un peu trop pépère alors je décide d´aller sur le bateau. En plus je suis persuadée qu´Eric, que je n´ai pas vu depuis une lune, sera là. Quand on arrive au point de rendez-vous, Jason, l´américain qui vit sur un trimaran pourri jusqu´à la quille, nous dit que finalement la fête est sur le bateau d´Eric et non sur celui de Geronimo, et qu´on a repoussé le rendez-vous pour dans une heure. Pour moi, il va de soi que je peux venir et ma copine aussi. Bien éduquée, je propose à ma copine qu´on aille chercher des boissons, histoire de ne pas arriver les mains vide. On part faire les courses, et à notre retour, Jason dit, changement de programme, vous ne pouvez pas venir. J´ouvre des yeux tous ronds, comment ça???!! Eric a dit que c ´était pas une fête juste un dîner sympa, et qu´il n´invitait que moi Jason, et Geronimo. Mais tu lui a dit que j´étais là?? Que c´était moi?? Oui, oui, il n´a pas dit que toi particulièrement tu ne pouvais pas venir, il a juste dit que c´était pas une fête et qu´íl n´invitait que les gens qu´il avait convié personnellement. J´hallucine total, et en même temps je réalise qu´après tout, Eric est français. Typique. Je dis à Jason, dis lui qu´íl est un big french SOB ( Son Of a Bitch), and that when I´m drunk tonight I go there swimming and I will do big scandal! Je ne suis pas vraiment déçue car je sais qu´un super repas avec boissons gratuites m´attends. Nous nous séparons avec ma copine, je pars me faire toute belle dans ma pousada ( juste me laver, mettre une robe et des boucles d´oreilles, la vie au soleil est d´une simplicité!) et je vais au resto. Il y a des grandes tablées avec tous les gens de la pousada, un trés trés beau mec tire une chaise et m´invite très galamment à m´y asseoir, je suis comme une petite princesse, j´y pose délicatement mon séant en croisant grâcieusement mes petites jambes. Je suis absolument séduite par le jeune homme qui me demande comment je m´appelle presque en me reniflant le cou, mais, mais, deux secondes après, une jeune fille arrive et s´assied en face de moi, à côté de lui, lui caresse les cheveux, lui prend la main, se présente, Maria, l´épouse de Francisco. Bon, pour une fois qu´il y en a un qui me plaît et qui n´a pas l´air d´un beauf, et voilà qu´il est marié! Je rêve et suis une fois de plus outrée par le sans-gêne de certains hommes. Surtout que même si sa femme est là, Francisco me parle toujours avec sa tête tout près de la mienne, au point que je dois décaler discrètement ma chaise! Il me regarde droit dans les yeux, et moi je sais plus où me mettre. Sa femme ne peut pas en placer une, c´est bien simple, elle n´existe plus... Elle finit par prendre les choses en main, et demande à Francisco d´échanger sa place conter la sienne, prétextant un courant d´air. Je me retrouve donc à côté de Maria, et j´apprends qu´elle et Francisco sont acteurs de théâtre, à Sao Paulo. Le dîner, absolument délicieux, arrosé de trés bon vins blancs et rouges, se passe très agréablement et tout à fait normalement, maintenant que Fransisco est à plus de 2cm de moi. Je papote toute la soirée en portugais avec Maria qui est charmante et corrige très gentiment mes fautes. Elle tient bien fermement la main de Fransisco dans la sienne, presque en permanence, lui il est à moi, pas touche! Je quitte la table vers 23h, je suis épuisée par les deux heures que je viens de passer à me tordre le cerveau dans tous les sens pour parler portugais. Je me balade seule dans les deux rues d´Ilha Grande, et croise Felipe, et des clients de sa pousada que j´avais rencontré la veille, on décide d´aller sur la plage ensemble. On admire le feu d´artifice, puis devant mes yeux ébahis, à minuit, toute la plage se roule des grosse pelles, ça se bouche à bouche dans tous les sens, des langues, des lèvres collées, tradition brésilienne. Pour le nouvelle année, on s´habille en blanc et on se fait des transferts de salive, ça porte chance! Pour la santé, on repassera... Plusieurs fois des brésiliens me serrent dans leurs bras puis m´assaillent, bouches béantes, langues pendantes... J´esquive habilement en me baissant et en faisant un tour sur moi-même, c´est très très amusant comme petit jeu! Je n´ai pas vraiment envie de commencer l´année avec une mononucléose carabinée... Finalement le moment passe, mais je subirai régulièrement pendant la soirée les assauts de brésiliens complètement avinés qui fondent sur tout ce qui bouge toutes langues dehors...! Miracle, la lumière revient, le concert peut commencer, la pluie est toujours là, on a laché les parapluies, on est trempés jusqu´aux os, on se réchauffe toute la nuit en dansant la samba et en buvant des caïpi. Je suis, comme tout le monde, complètement ivre, à force de demander au barman "uma caïpi bem bem cargada por favor amigo, bem bem cargada!". Souvent quand je suis au stade ultime de l´ivresse, comme ce soir, je répète en boucle la même chose, parce que je perds la mémoire immédiate, et je ne me souviens plus de ce que je viens de dire. Ce soir, je répète à tout le monde que je ne suis pas argentine: "Eu so francesa, nao so argentina, so francesa, tenho sotaque argentino mais so francesa!!!!" Parce qu´à chaque fois que je dis à quelqu´un de deviner d´ou je suis, 90 fois sur 100, on me répond argentine, apparemment j´ai un accent argentin. Ça a le don de m´exaspérer, parce qu´en plus, au Brésil, on n´aime pas les argentins. Donc toute la soirée, je répète à qui veut l´entendre que je suis française, et pas argentine. J´ai un autre petit jeu aussi, très amusant celui là, repérer les gens de Sao Paulo. Ils ont un accent très particulier, ils prononcent les R à l´américaine, ça donne un effet trés spécial. Ils ne disent pas porrrta, mais powta, puewto, univerwso. Je me balade en écoutant les gens parler, dès que j´entends un accent de Sao paulo, je saute sur la personne en disant "voce e de sao paulo, voce e do centwo do univewso!" En imitant grossièrement leur accent. Je suis explosée de rire à chaque fois, eux aussi, tout le monde rigole, c´est trop la fête! Plein de monde me reconnaît de mes tours de chants, ils me disent bonjour en français, a cantora da ilha! Bonjour! Trop sympa! Mais au bout d´un moment (à 5h du mat quand même) la pluie finit par me congeler, j´ai la chair de poule, je suis toute bourée, je me dis, il faut que j´aille me coucher. Felipe me raccompagme à ma pousada en tout bien tout honneur, et je m´écroule sous une grosse couverture bien chaude, aprés m´être brossée les dents très très scrupuleusement. Ce réveillon était tout mouillé (il a plu toute la nuit, et finalement l´eau et l´electricté ont éte coupées de nouveau), mais super chaleureux, joyeux, vivant, bon enfant, brésilien quoi!