mardi 5 janvier 2010

A vida na ilha

J´ai arrêté de chanter. Je pète un câble. Je n´en peux plus de chanter toujours les même chansons. Je n´en peux plus de flipper dès qu´un nuage vient cacher le soleil, de peur qu´il n´apporte une énorme pluie qui vienne gâcher mes tours. J´en ai marre de scruter les terrasses et le ciel à longueur de journée en me stressant pour être sûre que je vais performer devant un maximum de monde. J´en ai marre de courir après l´argent, et de déprimer si j´ai le malheur de ne remasser que 60 reais (alors qu´avant de chanter pour la première fois je m´ étais fixée un objectif de 30 reais par tour, but I´m too greedy now!) de toute façon j´ai payé l´intégralité de ma pousada (rubis sur l´ongle en cash), j´ai des bonnes économies en liquide, je peux me permettre une pause. Je me mets trop de pression, alors j´ai décídé de lâcher du leste. J´ai récupéré tout mon bardas et j´ai tout monté à la pousada, j´ai rangé notre chambre, rechargé ma batterie, fait une lessive, trouvé deux nouveaux clients pour la patronne Teresa qui en échange me fait manger gratos dans le resto trop bon du centre (hier il y avait des patates douces, j´en mangé au déjeuner, au goûter et au dîner!), et j´ai attrapé la grippe, parce que j´ai oublié de me laver les mains aprés avoir compté l´argent de la boîte. Normalement je pense toujours à me laver les mains, parce qu´aprés avoir compté toutes les pièces, je peux sentir et voir la crasse qui s´accumule sur mes paumes. Mais sur l´ìle je ramasse très peu de pièces et beaucoup de billets, et la saleté est moins voyante donc j´oublie de me laver les mains. Total je transpire comme une vache et j´ai mal partout! Mais des allemands m´ont filé une plaquette d´anti-grippal ce matin, ça devrait aller mieux maintenant. Je vais répéter bien sagement dans ma pousada, apprendre un nouveau programme et enregistrer les compos sur le jamman.

Hier soir je me suis baladée dans le centre, sans charriot, les mains dans les poches, pour la première fois. Et j´ai parlé à tout le monde! Depuis le temps que je pousse la chansonnette dans le coin, les gens commencent à me connaître, tous les jours j´ai l´occasion de dire bonjour à plein de locaux, qui m´appellent par mon prénom, ou a cantora, ou a musica. Je ne m´arrête jamais pour discuter, j´ai toujours mieux à faire, chanter, ou troquer mes petits billets contre des grosses coupures, ou aller me baigner, bronzer, interneter... Alors je fais un grand sourire en levant les deux pouces, je dis tudo bem e voce, et je passe mon chemin. Mais hier soir, je me suis arrêtée à chaque fois que l´on m´a dit bonjour, pour faire un brin de causette, et ma foi, c´était très très intéressant. J´ai rencontré Fabio et Robinson, gérants de lanchas de 30 et 120 personnes qui emmènent les touristes a la lagoa verde, lagoa azul, praia de Lopes Mendes, praia de os aventureros, tous les plus beaux spots de l´île sur lesquels je ne me suis encore jamais rendue. Déjà ils m´ont fait trop plaisir parce qu´íls m´ont dit que ce que je faisais interpellait pas mal de gens sur l´île, que ça les faisait réfléchir sur la vie, sur le fait d´oser faire ce qu´on a vraiment envie de faire, etc... Ensuite, ils m´ont demandé tous les deux si je serais d´accord pour embarquer mon matos et chanter sur leurs bateaux pour les touristes, moyennant de la thune... J´ai évidemment accepté, mais pour plus tard, pour dans deux ou trois jours, le temps que je me pose, me repose et guérisse de ma grippe. Ensuite j´ai rencontré une pote suisse de 35 ans trop sympa, Aimée, avec qui j´avais pris un pot la veille, durant lequel on avait pas arrêté de pester sur les hommes, leur infidélité, et leur lourdeur, en ce qui concerne les femmes qui voyagent seules. Pendant ce pot, trois fois des mecs ont essayé de s´assseoir à notre table, trois fois on les a envoyé bouler, ce qui relançait notre conversation de plus belle. Ce soir on a décidé que plus tard dans la semaine, on brancherait son ipod à mon ampli, mon ampli à ma batterie de voiture, pour faire une grosse teuf sur la plage avec tous nos copains des pousadas. Trop sympa! Ensuite j´ai rencontré un couple que j´ai reconnu tout de suite car deux fois ils étaient venus écouter le tour. On a papoté, ils sont de Sao Paulo, centwo do univewso! Ils me disent de noter leur numéro, il faut que je vienne à Sao Paulo, ils connaissent du monde là- bas, notamment le consul du Danemark, un très bon copain à eux, qui adore la musique et fait tout le temps venir des artistes dans son consulat, voce e guerera, voce e encantadora, el va gostar muito de voce, et te va fazer cantar muito. Je note leurs numeros, on ne sait jamais! Ensuite, j´ai rencontré deux mecs qui l´un après l´autre m´ont proposé de monter gratos sur leurs bateaux pour aller visiter les plages de l´île, j´ai refusé, parce que je sais ce que ça veut dire...
Quand j´étais aux Caraïbes, j´étais tranquilou bilou sur la plage, quand un mono de jetski vient me voir, me propose de faire 15mn de jetski gratos. Moi, super naïve, super contente parce que je n´étais jamais monté sur un jet de ma vie, j´accepte tout de suite. Le gars me fait monter sur son jet. Il m´explique comment prendre mes appuis, accroche toi bien à ma taille, quand je tourne à droite tu penches ton corps à droite en t´appuyant fort sur tes deux jambes, à gauche pareil, tout est dans les appuis, tu appuies bien et il t´arrivera rien de méchant. Sur ce il part en trombe, fait des grands sauts, des vrilles, des virages en épingles à cheveux, des énormes accélérations, il se la pète, il donne tout, enfin c´est ce que je pensais. Enorme sensas, j´étais trop joisse. Après il me demande si je veux conduire, je dis que oui, je vais à l´avant, je fais joujou, mais le bougre commence à avoir les mains baladeuses et il essaie de me la faire à l´envers. Là je sors de mes gonds, je me mets à gueuler mais qu´est ce que vous avez tous sur cette ìle de fou, c´est pas possible, mais vous êtes d´une lourdeur, y en a marre, c´est dingue, merde, putain, chiotte! etc... une furie. J´attrappe le guidon des deux mains, je lui dis je te ramène à la plage, et là il dit, non, c´est moi qui te ramène, tu préfères rester là ou passer à l´arrière? Mon instinct me dit, ma poulette, passe à l´arriere, aggripe toi de toute tes force à ce gros con et penses à tes appuis, le fils de pute va essayer de te faire tomber. Le mec cette fois-ci donne tout, il va à fond la caisse, fais des bonds gigantesques, accélère, freine subitement, vrille dans tous les sens, en gros il veut me faire passer à la bail, c´est clair et net. Je m´accroche à lui de toutes mes forces, je suis à fond sur mes appuis, je me dis, je ne tomberai pas, je ne tomberai pas! Je suis méga concentrée, tout dans les jambes et le mental. Je suis morte de trouille et trop contente en même temps d´arriver à rester sur la bête. Mais j´ai vraiment les boules. Je me dis, à cette vitesse (je peux la voir sur le compteur qu´il est au dela de 90), l´eau c´est du béton, si je tombe, je risque d´avoir un sérieux bobo. Il fait tout ce qu´il peut, il donne tout ce qu´il a, je ne tombe pas. Arrivés au rivage (enfin! ça m´a semblé tellement long), il dit bah dis-donc, tu tiens bien toi! Je descends furax. Je vais voir son collègue, je lui dis ton pote a essayer de me chopper et de me faire tomber ensuite, sympa! Il me dit c´était évident ma cocotte, ici c´est comme ça que ça se passe, mais ça marche mieux avec les américaines, on les emmène au large vite fait, on se les tape et on les ramène ensuite, et tout le monde est content. Ile de tarés. Pour les non-initiées. Maintenant je sais à quoi m´attendre. Le jetskieur revient vers nous, je lui dis, avec un grand sourire, t´as essayé de me faire tomber non ? Il me dit ouais j´ai tout donné, je lui dis t´as été jusqu´á combien, il me dit le max, 100-110, je lui dis t´es vraiment un fils de pute, (injustice, état sauvage, grossièreté, c´est aussi moi) et je suis bien contente d´avoir tenu bon, tu l´as bien dans le cul. Il me dit c´est comme ça, ça passe ou ça casse, mais le plus souvent ça passe. Et ben pas avec moi connard (toujours avec le sourire). Le connard ne se formalise pas il sait qu´il mérite mes insultes, je m´en donne à coeur joie, je me lâche. J´obtiens mes excuses, désolé hein, c´est tout ce que je peux tirer de lui. Allez ciao, j´ai pas que ça à faire, dans trois heures je prends l´avion pour quitter cette île de dingues, il était temps! Savez-vous comment on fait à St martin pour vous voler votre scooter? On arrive en 4x4 derrière vous, on vous renverse gentiment, on sort du véhicule, on vous vire de la bête si vous n´en avez pas été ejecté, et on vous tape le scoot, sympa non? Bref, hier soir, me rappelant ma super virée gratos de St martin, je décline les deux offres, bien gentiment, désolée mais on m´a déjà proposé, j´ai d´autres plans, oh oh, ma chère!

Je suis bien contente d´avoir discuté avec les gens de l´île, je me suis trouvé deux plans pour en visiter les paradis tout en étant payée, je vais chanter au consulat du Danemark à Sao Paulo, la fête improvisée de la plage va être trop sympa, j´ai fait des mégas progrès en portugais, il faudra renouveler l´expérience!