samedi 2 janvier 2010

Workaholic

J´ouvre les yeux, j´ai une barre de fer dans le crâne. Jade gêmit dans son lit au dessus du mien, on a tous les deux une gueule de bois bien bien carabinée. Je regarde par la fenêtre, et pense que je suis toujours sous le coup de l´álcool quand j´apperçois un rayon de soleil qui vient chatouiller la vitre. Je bondis de mon lit et me précipite dehors, joie! Il fait beau! je vais pouvoir bosser! Merde, j´ai la gueule de bois. Je prends les choses en main. Petit dej copieux, gâteau, pain, beurre, deux tasses de café, deux verres de jus d´orange, de la pastèque, de la mangue, du melon, je me fais exploser le bide. Il faut toujours bien manger pour faire passer les lendemains de fête. Et je vais me recoucher. Je me réveille à midi, et je descends récupérer mon charriot au resto, direction les terrasses de la plage. Je débale, je branche, liberta puis petit speaech bien rôdé, adapté au premier janvier. "Eu me chamo Anna, y tenho uma boa resaca (j´ai une bonne gueule de bois)" ça met tout le monde de bonne humeur. Je continue en disant comme d´habitude d´où je viens, ce que je fais, les gens encore tous bourrés poussent des clameurs à chaque fin de mes déclaration, c´est TROP ambiance! Je termine en présentant la boîte à sous, je dis que j´accepte les euros, les reais, les dollars, et le paracétamol, on se tord sur sa chaise. A la fin de mon speech je suis applaudie, acclamée, encensée, béatifiée, c´est trop d´emotions, encore un peu ivre de la veille, je tremble de tout mon corps, pression sur mes petites épaules, public trop enthousiaste dès le départ, il va falloir envoyer du lourd! J´envoie tout ce que je peux, je parle beaucoup, je percussionne sur ma caisse de guitare, je danse, j´invite à danser, le mec que j´invite à danser se sent pousser des ailes, me soulève et me fais tourner allongée dans ses bras, je vais vomir, à terre à terre! Je fais des acrobaties plus belles et

plus propres que jamais malgré tout, fais passer ma caisse et ramasse... 165 reais b (65 euros), record brésilien battu, feliz ano novo Anna! Bien épuisée par tout ce que je viens de donner, je rentre à ma pousada, me baigne dans la cascade trés trés longtemps, me couche à 15h, me réveille en bien meilleure forme à 17h, me re-baigne, et vais chercher mon charriot pour l´amener à l´autre bout de la plage, au bar Lua et Mar. Je commence à m´installer á côté de la terrasse. Mais, scandale, le serveur arrive et me dit que je ne peux pas, que le voisin va se plaindre, que ça va faire une nuisance sonore, je suis sur le point de lui envoyer mon poing dans la tronche, moi???!!! Une nuisance sonore???!!! ( injustice, et j´ai encore de la caïpi dans le sang, le malheureux, il ne sait pas qu´il est en train de réveiller la bête). Mais une table de jeunes femmes devant moi se révolte, on argumente ensemble, je ne suis pas devant le bar, je suis devant chez le voisin, c´est un espace public, et les nuisances sonores pendant la journée, mon cul. Le serveur ne veut rien entendre. Les jeunes femmes prennnent à parti une table à côté et tous ensemblent ils scandent "Toca! toca! toca!". Le voisin finit par rappliquer. Je lui demande si ça le dérange que je joue une petite demie-heure, il répond qu´absolument pas, une jeune femme part à l íntérieur négocier avec le patron, et revient victorieuse, tu peux jouer! je m´installe, je joue, tout le monde est trop content, public charmé, surtout un jeune homme, pas laid mais pas beau non plus, qui ne me lâche pas des yeux, et quand je dis qu´íl ne me lâche pas, il ne me lâche pas! A la fin, alors qu´il me fixe toujours autant pendant que je range mes affaires, ses potes me disent "fica apaxionato, e boa persona sabes" bah oui mais il ne me plait pas! Et pendant ce temps là, le mec me regarde toujours, avec des yeux, je n´avais jamais vu ça! Ça fait bizarre quand même, on aurait dit un fanatique, ça devrait faire trop plaisir, mais à ce point là, c´est perturbant! Je pars, me retourne 100 mètres plus loin, le bougre est toujours en train de me regarder, un fou!
Je pars chanter place de l´église, devant une pizzeria bondée. J´ai bien pris confiance aujourd´hui, au point que quand je fais mon petit speech, je me lève carrément, Jacques Martin à l´ecole des fans, je me raconte, je me présente, moi, mes instrus, ma batterie de voiture, ma boîte à sous. Succès, applause, des jeunes à qui j´avais dit à Lua et Mar que serais là ensuite sont venus me ré-écouter, je suis aux anges. Je remplis la boîte, plus de 100 reais, comme au Lua et Mar. Je pars chanter une quatrième et derniére fois entre les deux restos de plages du matin, accompagnée par d´autres jeunes, qui ont vu la fin et étaient restés sur leur faim. Ils me demandent où je vais jouer maintenant, et me tirent mon charriot, portent mon pied de micro et ma guitare. Enfin! Première fois que des gens me proposent de m´aider à tirer, ça fait du bien! Je m´installe, les terrasses ne sont pas très remplies. Mais pendant que je fais mon speech, des gens arrivent , on rajoute des
tables et des chaises, je suis trop fière. Les jeunes se posent par terre, en cercle devant moi, des couples les rejoigents et il y a un petit tas de monde assis à mes pieds et qui m´entourent, je suis au paradis. Je leurs raconte: " Je suis trop contente car ce soir c´est un rêve que j´avais depuis longtemps qui se réalise. Quand j´átais en France je rêvais du Brésil, et je rêvais de chanter la bas. Je voulais apprendre des chansons brésiliennes, alors j´ai cherché sur internet des jolis morceaux. Je suis tombée sur une vidéo sur Youtube, d´un goupe qui s´appelle los hermanos et qui chantait la chanson que je viens de vous chanter, Esquadros. Ils étaient sur la plage, installés sur des tapis, et le public était assis par terre tout autour d´eux. Cette vidéo me faisait fantasmer, je l´ai regardé trop de fois, en rêvant qu´un jour je fasse moi aussi la même chose, et ce soir c´est ce rêve qui se réalise, je suis sur la plage, je chante esquadros, et il y a vous assis par terre autour de moi, c´est trop sympa, merci, mille fois merci!" Je prends une photo pour immortaliser le moment. Je constate, pour la énième fois, que ma musique a un effet aphrodisiaque, des couples n´en finissent plus de se rouler des pelles sous mes yeux, et ça, ça me fait gonfler le coeur de bonheur. Ce tour de chant est magique. Intime, chaleureux, à la lumière des bougies posées sur chaque table, au clair de lune c´est romantique, suave, tout doux. Je réveille tout ce petit monde avec mes acrobaties, ensuite je débranche, ils disent uma mais! uma mais! uma mais! Je fais le bis avec Blowing in the wind, les jeunes chantent, les couples s´embrassent, c´est luxe calme et volupté ce soir, c´est gé-nial! Je compte l´intégralité de ma caisse du jours, 500 reais en tout, 200 euros, j´ai bien bossé! Je fais de la monnaie à un des deux restos, le patron m´adore, m´appelle sua namorada, tu reviens demain hein? Oui oui! Tu me gardes mon bordel en échange? (son retso est plus pratique pour moi que l´autre qui me les garde), pas de problème. Je peux avoir un bol de riz gratos? Tout ce que tu veux, va en cuisine et sers toi. Je me sers, et rejoins ma bande de jeunes. Ce sont des bcbg de Belo Horizonte, chemises californiennes et colliers autour du cou, ils savent parler français, anglais, espagnol, la crème de la crème. Ils font partis d´une assoce présente dans une centaine de pays, l´Aesaec, pas bien compris ce que c´était exactement. Ça prône 6 valeurs, l´une d´entre elles étant la diversité. ils voudraient qu'on vienne les voir et participer au week end. J´ai dit que j´en parlerais à Sophie, mais que je serais ravie de venir. On se quitte, grandes embrassades car ils partent le lendemain. Je rentre à la pousada, riche, et bien fatiguée, mais comblée de bonheur.