Salvador, c’est simple, on a-dore. Cette ville, au départ, je la detestais. Débarquée fraîchement de la grande traversée, je passais mon temps entre la marina et le quartier mondialement connu du Pelourinho, je tournais en rond, j’étais crevée, un peu déprimée, et n’en pouvais plus de vivre sur un bateau. Dès que j’ai quitté la baie de tous les saints, dès que le bus est parti, je me suis sentie libre, merveilleusement seule, et vivante. J’angoissais un peu d’ y revenir pour retrouver Sophie là-bas. Mais grâce à la charmante et enthousiaste compagnie de ma bonne copine, Salvador m’apparaît comme étant désormais un véritable paradis terrestre. Avec Sophie nous nous sommes complètement approprié l’endroit, nous l’avons fait nôtre, Salvador n’est pas la baie de tous les saints, c’est la baie de tous nos saints. Notre préféré étant Bonfim, le saint patron des lieux, le saint des saints. Nous le portons à nos poignets, sur de jolis rubans colorés où est écrit son nom. Au moment où je vous parle, il décore dignement mon arrière-train, car en souvenir de lui, j’ai acheté un short où Bonfim est partout, et de toutes les couleurs. J’ai l’impression d’avoir des fesses sacrées… Nous résidons à Barra, un quartier assez proche du centre historique, dans une charmante pousada, la pousada Ambar. Elle se situe dans une rue calme et ombragée, à deux minutes à pied du bord de mer. Munies de nos deux guides, le guide Evasion et le Routard, nous nous composons chaque jours de petits programmes dont Sophie a le secret. Elle dissèque page par page plans et commentaires, tire le meilleur de nos livres et nous partons à la découverte de la ville. Nous assistons ainsi à un concert gratuit de Géronimo, éminent artiste Bahiannais, qui se produit tous les mardis devant les nombreuses marches d’une église dans une petite rue du Pelourinho. Tout le monde est là, les touristes bien sûrs, les bahiannais, les brésiliens, les curieux, les amoureux du folklore, les fans de Géronimo. Munies d’acarajés, délicieux petits beignets fourrés de crudités et de purées mystères, et de caïpi sans sucre, nous tapons des mains sur Géronimo, nous chantons les refrains de Géronimo, nous bougeons nos fesses au rythmes de ses percus endiablées, nous kiffons grave quoi. On finit à quatre pattes sur les rues pavées du Pelou, on rentre en taxi qui blinde et brûle tous les feux rouges, musique à fond toutes têtes dehors chevents aux voeux, et on termine, allongée, gisante, toute beurrée, sur le sol de la pousada, pour moi, et dansant frénétiquement le forro dans le salon de la même pousada avec un brésilien lourdingue pour Sophie. Le lendemain, je suis pas fraîche, et le personnel est assez amusé à l’évocation de mon état de la veille. Et j’ai appris un nouveau mot, bebada .
Attardons nous un peu sur la relations qu’ont les brésiliens avec le sucre, avec la nourriture en général. La cuisine brésilienne est bonne, riche en fruits, mais pauvre en légumes. C’est bien simple, moi depuis que je suis au Brésil, je ne mange que des haricots rouges et du riz, tous les jours. A tel point que je me suis prise de passion pour les haricots rouges, les blancs, les beiges, et même lorsque j’ai d’autres choix, eh ben j’en prends quand même, et je me régale, il faut le dire. Les brésiliens mangent et boivent très sucré. L’expresso se fait rare au Brésil, on boit souvent du café en thermos, qui est systématiquement servi déjà sucré, et pas qu’un peu. Le jus d’orange pressé, il vous le sucrent aussi automatiquement, et dans la caîpirinha, ils mettent plus de sucre que de glace pilée, c’est sûr. Du coup avec Sophie on s’est prise d’aversion pour le sucre, alors le café, la caïpi et le jus pressé, on les demande sans sucre. Les serveurs, les yeux hors de leurs orbites, nous font répéter trois fois notre commande, ils pensent qu’on ne sait pas ce qu’on dit, , ils croient qu’on parle un portugais approximatif en confondant avec et sans, (l’affront, l’intolérable insinuation !!!) et ensuite alors qu’on a expressément précisé, en articulant bien, qu’on veut nos boissons SEM AZUCAR, ils nous les apportent en nous disant sur un ton qui relève plus de l’avertissement effaré que de la simple annonce de notre commande : um suco, SEM AZUCAR, ATTENTION !!! Pauvres folles !!! Les locaux se gavent de bonbons qui sont vendus dans les bus, à tous les coins de rues, sur la plage, partout, et le soda pour eux, c’est un peu comme le champagne pour nous. C’est très sud-américain ça, on sent l’influence des Etats-Unis tous proches, et déjà l’année dernière en Argentine, je m’étonnais que mes potes me proposent avec un enthousiasme débordant d’aller se taper une bonne bouteille de Sprite au parc…. Les fruits par contre, on adhère à fond, tous les matins on nous sert des kilos d’ananas, de mangues, de papayes, de pastèques, de bananes, dont on se gave, et qu’on subtilise discrètement dans un tuperwear acheté spécialement pour ça. On le bourre tous les jours et ça nous fait le dej ou le diner… Ouais, je sais, on est pires que Thelma et Louise….
A Salvador on se fait des copains. Il y a tout d’abord Caty, une baroudeuse canadienne rencontrée à Lençois. Elle habite à Salvador, elle est là principalement pour apprendre le portugais et la capoeira. Elle a notre âge, 25 ans, blonde comme les blés, bronzée comme un caramel au beurre salé, les yeux bleux comme la mer des caraïbes, bon cul bons seins, elle passe pas inaperçue. Elle a un bel accent québequois, qui, assorti des expressions plus qu’imagées de cette région, nous fait complètement fantasmer sur le Canada. C’est sûr, il va falloir aller faire un tour là-bas ! Caty nous a fait connaître une de ses copines, Laura, une slovène de 30 ans, qu’elle a rencontré dans son cours de capoeira. Laura est là pour les mêmes raisons que Caty. Nous avons passé une journée trop sympa toutes les quatre. Avec Sophie nous nous sommes rendues à pied au Pelourinho, une bonne heure de marche ou presque. Rien de tel pour s’approprier un endroit que de se le promener en marchant. On a retrouvé les deux capoeristas Praça da Se, et nous sommes rendues ensuite, toujours à pied, dans, oh bonheur, un resto végétarien où l’on mange à volonté pour 10 reais, ce que fait à peu près quatre euros. Il y a là tous les légumes du monde, en purée, en macédoine, en beignets, en empanadas, en tarte, en tourte, en salade, du jus de fruit frais , du pain complet, tout ça autant qu’on veut pour trois fois rien. J’ai des envies compulsives de remplissage de tuperwear… Mais je n’ai pas de tuperwear, et bon, je respecte tellement l’endroit que même le lendemain lorsqu’on y retourne, je renonce à l’idée d’en acheter un spécial resto végétarien. Ce resto c’est juste le paradis sur terre, tellement bon, tellement pas cher, tellement sympa, tellement Brésil en somme. On apprend à se connaître entre voyageuses d’ Europe et d’Amérique, on se raconte, on raconte, on partage, on échange, entre filles exclusivement, et ça c’est trop patate. Laura nous emmène ensuite dans un café avec un petit jardin très zen en arrière-cour, on continue de papoter en savourant de bons expressos, le bonheur. Laura aussi est une grande baroudeuse. Une partie de l’année elle est guide en Slovénie, Yougoslavie et d’autres pays pour des touristes japonais et chinois, et le reste du temps elle voyage. Elle parle couramment chinois, japonais, anglais, portugais, slovène. On dirait qu’elle connaît le monde comme sa poche, qu’il n’est rien qu’elle n’aie vu ou fait. Elle est du genre à dire, lorsqu’elle parle de ses voyages : « Phuket ? Massages et plongée. Salvador ? Plage et capoeira. Amsterdam ? Vélo et Marie-Jeanne ». D’ailleurs elle truste complètement la conversation et on l’écoute religieusement. Une belle rencontre, elle va à Itacaré, on la reverra sûrement, on compte sur Bonfim pour la mettre sur notre route.
Salvador est une ville très vaste. Et on connaît à peine cinq pour cents des trésors qu’elle recèle. On a été dans pas mal d’endroits mais en gros on traîne nos havaïanas entre notre quartier de Barra, le centre historique du Pelhourinho, et le mercado modelo, un grand bazar en plein air et en bordure de mer autour duquel on trouve deux marinas et le MAM.
Ces derniers jours , on se fait la même promenade, on va de l’hôtel jusqu’ au Pelhou, à pied. ça prend bien 45 minutes. On longe la mer, on monte une pente qui la surplombe superbement, et qui nous la montre lisse et bleue, toute parsemée de tankers, paquebots et porte-containers, puis on entre dans le coin vraiment résidentiel de Barra, monté de hauts immeubles pseudos-designs, mais quand même un poil impressionnants, avec leurs portiers, leurs halls lustrés et plante-vertés. Ils viennent remplacer peu à peu de belles bâtisses coloniales complètements en ruines, mais portant beau malgré tout, toutes fières qu’elles sont de leurs vieilles pierres. Les trottoirs sont dans un bon état de délabrement, ça travaille et construit de partout, on zigzague entre les hauts arbres et les marteaux-piqueurs, dans un joyeux bordel de voitures. Mais l’ombre bien rafraîchissante et la diversité architecturale de cette partie de la rue de 7 septembre, offrent une parenthèse bienvenue entre l’harassante pente qui la commence et le troisième tronçon qui la termine, dans une folie et une frénésie tout à fait bahiannaises. Là il y a des milliers d’enseignes qui se succèdent, des super-boulangeries, des vendeurs d’électroménager, de baskets et de perruques, de TV et de chaïnes hi-fi, des vendeurs de pacotilles qui se promènent et installent leurs étals devant tout ça, qui fourguent des p’tites culottes, des antennes TV, des acarajés, du tout et du rien. Ajoutez à ça la foultitude de gens qui circulent dans ce paradis de la super-promoçao, tous les postes et chaînes hi-fi qui tous les deux mètres vous crachent à balle de la samba , du MPB ou du forro, et vous avez là le joyeux-bordel qui atteint son paroxysme, au bout de l’avenue du 7 septembre. Il n’y plus assez de trottoir pour marcher, donc, plus assez de route pour circuler, les piétons marchent sur les voitures, les voitures roulent sur les piétons, et nous, on se balade entre le pavé et la chaussée. On arrive au Pelhou et on retrouve nos petites places, nos petites rues, nos petites madames en costumes traditionnel, et toutes les petites curiosités qui font le charme de ce quartier. Mais le Pelhou nous frustre. Et oui le Pelhou n’est pas tout rose. Et quand j’étais en France c’est hallucinant le nombre d’horreurs que j’ai pu lire dans les forums internet sur ce petit coin de paradis. Quand on va en taxi dans le Pelhou, pour descendre au Mercado Modelo par exemple, on passe par des petites rues, toutes aussi migonnes que les autres, mais sans enseignes, un peu dans l’ombre, où se traînent parfois des gens qui n’ont pas l’air vraiment catholiques. En pleine journée, des policiers sont postés devant ces ruelles, et si par malheur vous voulez vous y aventurer, ils vous en empêchent. En pleine journée ! A deux pas des rues où on se balade la main à l’appareil numérique, où on sifflote distraitement en promenant un œil curieux sur les façades, les gens, les choses, à deux pas de cette bulle fantastique et colorée, se trouve un enfer où il nous est interdit de pénétrer. Bien au frais dans le taxi, on y passe cependant, et l’on découvre, bon certes, des gens un peu inquiétants et des vieux murs crasseux, mais aussi des immeubles d’époque à l’entrée coquette, des musées, des maisons design, des petits chemins qui sentent la noisette, et qui la sentent d’autant plus qu’ils nous sont interdits, à nous bleues, touristes, oies blanches, demoiselles qui s’y feraient bruler leurs ailes… Bon, on regarde de loin, et on se dit, quand-même, vivre ici, ça serait le panard…
A Salvador, on est à la chasse aux couchers de soleils. On en a vu deux superbes et aussi remarquables l’un que l’autre. Au premier, nous sommes postées sur des rochers qui regardent la mer de haut, juste en dessous du farol, le phare de Barra. Il y a au dessus de nous des petits groupes de gens assis, qui discutent, boivent de la bière, fument des pétards ou qui tout simplement regardent le spectacle les mains dans les poches. Deux groupes de trois policiers armés jusqu’aux dents arrivent pour interpeller cette jeunesse contemplative, on nous fait lever, et mitraillette au poing, braquée sur nous, on nous demande nos papiers. Nous ne les avons pas, nous sommes mains dans les poches. Mais comme on a des bonnes têtes et qu’on nous donnerait le bon dieu sans confession, on nous laisse très vite tranquilles. Le coucher de soleil, magnifique par ailleurs, fut largement épicé par ce petit frisson que nous a donné l’arme virile des policiers pointée sur nous, et on s’en souviendra avec bonheur ! Le deuxième coucher de soleil, grandiose, fut le bouquet final d’une journée qui fut en tous points parfaite. A 9h du matin nous retrouvons tous nos amis, Caty, Garett l’Irlandais et Café le brésiliens (non ce n’est pas une blague, il s’appelle Café), à la plage. On se bronze, on se baigne, on discute, on regarde, on admire les bahiannais vivre à cent pour cent, se rouler dans le sable, se jeter dans les airs, se plonger dans la mer, on aproveta. Ensuite tout ce petit monde se sépare, et on va avec Sophie, déjeuner à nouveau, dans notre super-resto végétarien à volonté pour 10 reais que nous a fait découvrir Laura, la slovène polyglotte. Puis on se met en tête d’être chic. Nos havaïanas nous donnent un air très populo et vulgaire qui ne colle pas du tout avec le style que nous voulons pour notre voyage. il nous faut être chic, parce que le Brésil, c’est très chic. Les habitants ici font de grands efforts de coquetteries, les femmes ont le cheveu tiré à quatre épingles, et promènent leurs escarpins sur le béton, le sable où le pavé. Notre cocktail petite robe de plage/ flip-flop bon marché est de très mauvais goût, il nous faut accorder nos instruments aux leurs. On se met d’abord en quête de trouver des tongs d’apparat, que viendront sublimer des robes de gala, pour que nous soyons enfin totalement dignes de glisser élégamment de la savate dans Salvador, et en parfaite harmonie avec l’allure altière de ses habitants. On trouve de ravissantes sandales en cuir que nous négocions fermement. Puis je fais la découverte d’une merveilleuse robe, soyeuse, légère et colorée. Sophie quant à elle porte déjà une divine tunique de mousseline prune. Les petits détails qui viennent donner toute leur classe à nos allures de princesse, sont les sacs plastiques que nous tenons fermement à nos bras. C’est le must-have de la touriste bahianaise. En cette matière nous sommes tout-à-fait avant-gardistes , mais on ne doute pas que cette mode que nous initions, sévira dans tout le brésil, l’Amérique et bientôt dans le monde entier. Cette tendance relève du domaine de la mode utile, de la mode intelligente. Le sac plastique est pratique, économique, léger, il se décline dans plusieurs tons et plusieurs tailles, et surtout, il est le meilleur antivol qui soit. Le sac plastique, on ne se la fait pas chourer à la tire. Alors nous, on a adopté le sac plastique. C’est donc sous notre meilleur jour et dans nos plus beaux atours, robes qui virevoltent et sacs plastiques qui froufroutent, que nous nous rendons à pied, au MAM.
Le MAM, c’est tout à fait exceptionnel. C’est le Musée d’Arts Modernes de Salvador qui se trouve au dessus de la mer, non loin des catways de la « so yacht » Bahia Marina. D’instinct j’ai tendance à me précipiter au café du musée, mais Sophie me rappelle à mes devoirs de touriste pensante, il faut quand même jeter un œil, histoire de. Et bien je n’en jette pas un, mais deux, je suis absolument emballée, tout comme Sophie, par les œuvres de ce musée, assez fantasques et dénuées de sens parfois. Il y a, en haut d’un large escalier en bois qui colimace, et que chacune voudrait avoir dans sa propre maison plus tard, mais beaucoup plus tard, une galerie de photos assez intéressantes, dont une superbe, d’un poteau électrique pris d’en bas, sur fond d’étoiles scintillantes, qui me fait complètement rêver. J’adore être conquise par la beauté que veut faire sortir un artiste du banal, du vulgaire, de l’insignifiant. Bref, c’est bientôt assez et nous attaquons le clou du programme musée, le coucher de soleil sur la terrasse du café, le routard en parle, et nous on en bave. Nous arrivons sur un ponton désaffecté dont le vieux bois s’avance dans une mer émeraude et transparente, et la baie de tous nos saints nous ouvre ses bras, toute illuminée qu’elle est des rayons mordorés d’un soleil qui va bientôt se coucher. Tables, tabourets coussinés, guirlandes de lumières, harmonieuses pousses vertes, un décor de café chic vient magnifiquement mettre en valeur nos merveilleux habits. Nous sommes aux premières loges pour assister au coucher du roi, qui nous en met plein la vue, et nous fait frissonner de bonheur devant sa superbe parade, que nous buvons au cappuccino et à la caïpirinha. Tout cela est absolument muuuuuito maraviliooooso, et muuuuito tranquiiiiilo. Bon, le service est désastreux. On a la totale, le garçon hautain et méprisant, conscient qu’il sert dans un lieu d’exception, complètement imbu du superbe de l’entroit, et le parfait abruti, qui nous explique, quand on lui demande l’heure de fermeture du MAM, que l’établissent restera ouvert, jusqu’à ce qu’il ferme, information dont le surprenant contenu nous fait tomber de nos chaises…
Nous quittons le musée, et rentrons dans notre gentille pousada. Sophie part hamaquer d’un bon livre pendant que je tape la causette à notre nouvelle copine, Karine, une superbe gazelle noire d’origine Haïtienne, qui vit à New York et vient à Bahia pour étudier devinez quoi, la musique… On raconte, on se raconte, nos envies, nos frustrations nos rêves de réaliser. Jusqu’ à deux heures du mat nous conversons, ne voyons plus le temps passer, entre musiciennes frustrées, il y a tellement de choses à se dire… Ah lala. Chacune rêve d’avoir du temps et de l’espace ; je ne m’arrête pas de bouger, impossible pour elle de se trouver un appart avant le carnaval, qui change toutes les donnes. Je suis absolument emballée par cette femme et peut deviner à sa voix et à sa personnalité qu’elle a un sacré talent qui ne passera certainement pas inaperçu. Enfin je me couche, dernière journée parfaite à Salvador, et Sophie déjà dort, d’un sommeil bienheureux, j’en suis sûre.
Le lendemain il faut faire tout un tas de choses horribles, mais qui revêtent toujours un caractère particulier et ont une certaine saveur, quand on les fait à l’étranger. Il faut acheter les billets pour Itacaré, faire envoyer des sacs remplis de livres, d’affaires de bateaux et de fringues, à Rio, pour se décharger un peu, boucler les bagages et prendre ledit bus pour Itacaré. Nous nous rendons à la rodoviaria en bus, achetons les billets, demandons où se trouve le service des envois de paquets, nous y rendons, nous perdons, sommes re-digirées par des bahiannais bienveillants qui voient à nos têtes de touristes que nous n’avons rien à faire dans les bas-fonds vers lesquels nous nous dirigeons, ne nous rendant absolument pas compte que le service des envois ne peut pas se trouver des ces casbahs insalubres, nous trouvons enfin les service des envois, qui nous envoie nous faire faire une facture dans un autre service qui se situe dans le shopping center de l’autre côté du périf, on y va, on se fait facturer, on rentre à Barra faire les bagages, et on repart en taxis cette fois, chargées comme mille baudets, d’abord déposer les sacs aux envois, puis attendre notre bus. Le taxi explose de rire quand je lui dis que le gramme de cocaïne même pas pure se vend environ 100 euros en France quand il se brade ici 30 reais, et je le comprends, mais je me retiens de lui dire que pour le prix qu’ils payent leurs 100 grammes de Nutella, nous en avons un Kilos, parce que là il pleurerait, et ça ne serait pas chic de ma part. Nous arrivons à la rodo, et attendons le bus. Juste avant d’embarquer, je remarque trois jeunes filles dont je n’arrive absolument pas à discerner l’origine, leur langue et leur accent m’est parfaitement étranger. Un peu agacée j’ose leur demander d’où elles viennent, et mon cœur bondit dans ma poitrine, mon sang ne fait qu’un tour, quand elles me répondent : Israël. Dieu du ciel, tous mes saints ! Enfin, enfin je les retrouve ! Mes bien-aimés israéliens, parmi lesquels j’ai passé un mois magique à Rosario en Argentine, mes Israéliens chéris, ze tov, sababa !! L’année dernière j’ai habité un mois dans un hostel qui me faisait un prix, et j’ ai cohabité tout ce temps avec des israéliens uniquement, j’étais la seule personne qui ne venait pas de Terre Promise. Les maudissant d’abord de me voler tout mon espace, je me suis peu à peu laissée apprivoiser, puis conquérir totalement, par ces jeunes qui m’ont appris un peu de leur langue, de leurs chansons, de leur gastronomie et de leur vie. Je savais qu’il y en aurait beaucoup au Brésil car tous ceux que j’ai rencontré l’année dernière se rendaient d’abord à Iguazu puis à Rio ou Salvador pour le carnaval. Mais jusqu’ici je n’en ai rencontré aucun. Et là, trois jeunes israéliennes se rendent avec nous à Itacaré, c’est du pain bénit. Je me rappelle tout ce que j’ai appris, leurs chante les chansons, leurs dis tous les mots que je connais jusqu’aux plus mauvais, flash back Rosario. Grâce au super notebook, elles me passent des chansons de leur pays, j’en écoute une, Hatuna Lavana, pendant toute la nuit, je suis transportée, je ne rêve que d’une chose, chanter à Tel-Aviv, apprendre l’hébreu. C’est sûr je vais le faire. Quand j’aurai trouvé mon cameraman, on ira jusqu’en Israël à dos de chameau, en passant et chantant au Maroc, en Algérie, en Tunisie, en Lybie et en Egypte, ça fera un super docu. J’habiterai six mois à Tel- Aviv, je chanterai dans le rue, tomberai amoureuse d’ un beau jésus aux yeux noirs et au cheveu dru, je me convertirai au judaïsme libéral, on se mariera, on aura Rebecca, Eliette, David et Aaron et avec tout l’argent de Jésus on s’achètera une ïle dans le pacifique où on coulera des jours heureux en mangeant des falafels et du boulou, en chantant tous les jours les louanges de Yahvé ! Vite, viiiiiiite !
On arrive à Itacaré.