lundi 15 février 2010

Le retour au bercail

Je suis retournée à la maison, à Ilha Grande, mon île préférée au monde. Je le préfère à Ré, Oléron, à la Guadeloupe, à Saint-Martin, à Madère, aux Canaries, au Cap Vert, Ilha grande c’est mon paradis sur terre. J’ai retrouvé ma pousada, mes gentils propriétaires, Claus et Teresa, qui ont acheté pour moi et ceux qui me suivront, un lit superposé avec un matelas tout neuf sur lequel je passe de longues nuits confortables et pleines de rêves, et une glace en pied où oh bonheur, je peux me voir toute entière… A priori je resterai là 15 jours, jusqu’à fin février, mais rien n’est jamais certain, comme toujours. J’ai retrouvé Jade la grande tata et son mp3 qui crache toute la journée Lady Gaga et I wanna know what love is, j’ai retrouvé le ventripotent Roberto , j’ai retrouvé TV5 monde, la cascade au fond du jardin, les cafés da manha, Masi et Nati les deux femmes de ménages, Rafael le réceptionniste de la pousada Verde, Wilson le pizzaïolo, et surtout et surtout, j’ai retrouvé o padrao (le patron) de mon resto de la plage qui me garde toujours mon bardas à chanter, j'ai retrouvé ma plage et mes touristes qui sont nombreux en ce moment, carnaval oblige…. Je mène une vie tout à fait sage et tranquille. Cela fait pratiquement un mois que je n’ai pas bu une goutte d’alcool auquel je suis devenue quasi allergique, je me couche tôt, et je me lève aux aurores, vers 6h30 du mat, pour aller jogger à la fraîche. Je me suis fait un petit itinéraire très sympathique, je cours d’abord le long du front de mer, puis dans la forêt, puis je monte une colline verdoyante en haut de laquelle j’ai un panorama magnifique des îles qui plongent à pic dans l’océan turquoise, et ensuite je redescends le tout à fond la caisse. Au bout d’une heure trente de pur bonheur j’arrive à la pousada, je m’étire devant une nounou d’enfer, je vais rincer ma sueur dans la cascade, et je petit-déjeune de fuits frais et de café chaud. Ce matin il m’est arrivé quelque chose d’assez cocasse, alors que je dévalais à toute vitesse une pente de la colline, dans le touffu de la forêt, je croise un couple qui copule gaiement sur un rocher au bord du chemin. En me voyant cavaler ils se rhabillent très vite dans un grand désordre et se mettent en route dans des gloussements gênés. Je les dépasse et lève le pouce de dos pour signifier que je ne juge pas, et que même, j’approuve ! Ensuite, je me suis perdue dans le haut de la colline. J’ai cru qu’en redescendant de l’autre côté j’arriverais au même endroit, et en fait je partais dans une autre direction. Je tourne en rond en montant et descendant pendant une demi-heure, et qui je croise de nouveau, tous frais tous contents, gambadant gaiement, mon couple e chauds lapins. Je leur explique d’où je viens, où je vais, et ils me remettent sur la bonne route.
Après le sport, J’ai quartier libre jusqu’à 13h, je vais chanter, je ramasse plein de sous ( aujourd’hui record brésilien battu, 170 reais pour 30mn d’effort…), quartier libre jusqu’à 20h, musique toute la soirée, et dodo bien mérité, sur mon super matelas tout confort.
Mon retour fut très joyeux, surtout au resto du padrao. Cris de joie, longues embrassades, padrao était trop content, et me montre tous les jours son enthousiasme en me faisant manger gratos après mes tours, d’énormes assiettes remplies de riz et d’haricots. Il me dit qu’il m’aime comme un père, que je suis courageuse et méritante, que je suis une bonne fille, et je le crois volontiers ! Je le considère aussi comme mon père, mon papa da ilha. Aujourd’hui au déjeuner j’ai fait un très bon tour, sans fautes, sans larsens, avec deux terrasses bondées qui sont venues remplir ma panthère. Deux personnes m’ont donné 20 reais, et une 30, qu’elle m’ a exhibé avant de les rentrer dans la boîte. J’ai failli tout arrêter et lui sauter au cou, 30 reais c’est beaucoup ! C’est une nuit de pousada. J’ai rencontré un joueur de foot, Rafael, ami de Pelé et d’un autre dont je ne me souviens plus du nom. Les deux compères ont ouvert une chopperia à Rio où il pense que je pourrais chanter, il rentre vendredi dans la ville merveilleuse, et dit que ce week-end il me contacte pour me prévenir si jamais les propriétaires sont intéressée pour m’engager. Il m’a dit qu’ à Rio, on est payé 700 reais la soirée pour chanter dans ce genre d’endroit. J’ai bien regretté de lui dire que je prenais minimum 150 reais pour une heure….
Ce soir j’ai chanté, mais j’avais une sacrée concurrence. De la bossa live juste à côté de ma terrasse, des groupes de percussions dans la rue, je n’avais nulle part où me poser. Il y a maintenant quatre restos côtes à côtes sur la plage, le dernier vient juste d’ouvrir à l’endroit précis où je chantais. Je vais donc les voir, je leur demandé une table et une chaise, et au lieu de me mettre entre les restos, je me pose sur la plage bien en évidence devant les quatre terrasses. Pour que tout le monde me voie bien je m’assieds sur la table, l’ampli est sur la chaise, le jamman sur mon tabouret. Malheureusement comme le dernier resto de la plage crache de la bossa, je ne peux pas me mettre devant mon resto de d’habitude qui est juste à côté. Je dois donc me décaler devant celui qui vient d’ouvrir, qui n’a pas encore énormément de succès. Et sur la place, il fait tout noir, les autres terrasses n’ont donc pas vu grand-chose, et je ne pouvais pas monter trop le son de l’ampli parce que ça faisait des larsens. Je fais donc une soirée assez molle, 65 reais, bien loin des 170 du déjeuner. Mais les clients étaient très attentifs et enthousiastes, j’ai donc quand même pris du plaisir, et le moral reste bon, c’est l’essentiel.

J’ai pris beaucoup de retard dans le récit de notre voyage avec Sophie, j’ai écrit ce poste pour tenir au courant les proches, et j’écrirai la suite de nos aventures au fur et à mesure la semaine qui vient. Sophie a retrouvé son jules et ils sont à Rio, ils devraient venir me rejoindre sur l’ïle mercredi.